De nombreux médecins se posent encore des questions sur la composition des vaccins à ARN messager et à vecteurs viraux. "Le mode d'action est identique à tous les vaccins", rassure Michel Goldman. "L'idée est de stimuler une réponse du système immunitaire vis-à-vis d'un antigène essentiel du virus, la protéine spike, qui lui permet de pénétrer dans nos cellules. Il s'agit de mobiliser tous les bras du système immunitaire nécessaires pour combattre le virus. C'est-à-dire stimuler la production d'anticorps neutralisants, qui empêchent le virus de pénétrer dans nos cellules, idéalement dès qu'il parvient dans vos voies aériennes supérieures. Et stimuler l'immunité cellulaire: on sait qu'une fois qu'un virus se trouve à l'intérieur d'une cellule, on a effectivement besoin de lymphocytes T tueurs pour se débarrasser de ce virus."

On peut dire beaucoup de choses concernant la sécurité des vaccins, mais ne disons pas n'importe quoi.

Le Pr Goldman ajoute que la mémoire du système immunitaire est importante, notamment pour comprendre le schéma de vaccination. "Cette mémoire est stimulée par le contact répété avec les antigènes. On propose donc deux doses pour s'assurer que la mémoire du système immunitaire soit la meilleure possible."

"Le risque de modification du génome humain est nul."

L'immunologue revient ensuite sur les contre-vérités qui circulent au sujet des vaccins. "J'entends énormément de choses, je vois des vidéos qui circulent et qui racontent n'importe quoi. Les vaccins ne peuvent pas modifier le génome. C'est complètement faux. On sait que l'ARN est incapable de s'insérer dans nos chromosomes et dans nos gènes. C'est d'ailleurs une des difficultés de la mise au point des vaccins à ARN messager: cet ARN injecté est très rapidement éliminé, raison pour laquelle on doit l'injecter sous forme de nanoparticules lipidiques qui le protège d'une destruction trop rapide. Dès que la stimulation immunitaire est réalisée, l'ARN disparaît."

Même son de cloche concernant les vaccins à vecteurs viraux, comme celui proposé par AstraZeneca. "Ces vaccins, à l'inverse des produits de thérapies géniques, ne vont pas s'insérer dans nos chromosomes et nos gènes, contrairement à ce que l'on raconte. Ils vont gagner le coeur de nos cellules, mais vont rester à l'extérieur de nos chromosomes sous forme de ce que l'on appelle des épisomes." Et de conclure sur le sujet: "On peut dire beaucoup de choses concernant la sécurité des vaccins, mais ne disons pas n'importe quoi. Le risque de modification du génome humain est nul."

Transmission du virus et vaccination

Michel Goldman rappelle ensuite que le but premier de la vaccination n'est pas d'arriver à l'immunité collective, mais de protéger de la maladie. "Aujourd'hui, nous n'avons pas la certitude que les vaccins vont empêcher la transmission du virus. Ceci dit, la démonstration n'est pas faite, mais la probabilité est grande que les vaccins aient un impact sur la transmission. L'immunité collective est importante. C'est logique que l'on en parle. Mais l'objectif initial de la vaccination est de protéger de la maladie, et en particulier des formes graves."

L'immunité collective représente un défi considérable, estime d'ailleurs l'immunologiste. "Il faut que 70% de la population soit effectivement protégé. Cela veut dire qu'une proportion importante d'individus jeunes, y compris des jeunes en dessous de 12 ans, soient vaccinés. Ce qui pose une série de problèmes déjà abordés par les agences réglementaires, notamment concernant la vaccination des enfants."

L'immunosénescence constitue une autre problématique, puisqu'elle amoindrit l'efficacité des vaccins plus le patient est âgé. Or, le risque de décès augmente fortement au-delà de 70 ans. "Tous les vaccins ne seront pas égaux. Il est probable que les vaccins à ARN messager soient plus efficaces. Ce qui pourrait poser des problèmes considérables puisque la Belgique a beaucoup misé sur le vaccin AstraZeneca (40% des doses envisagées) qui est à vecteur viral."

Les mutations du virus

Les mutations du virus font parler d'elles, notamment au niveau de la contagiosité qui est plus importante. "Ce virus mute. Il a déjà muté et va continuer à muter. La question est de savoir si ces mutations sont aléatoires ou non. On pense que c'est le cas, mais vont-elles le rester?", se demande Michel Goldman. "La présente mutation favorise la transmission du virus. Ce qui ne veut pas dire que la célérité de la maladie est accrue. Il n'y a pas d'argument en ce sens, mais il faut parler avec prudence."

La possibilité existe, selon l'immunologue, que de futures mutations rendent nos réponses immunes et les vaccins moins efficaces. Mais si cela se produit, ce sera au bout de longs mois, voire d'années. Et il faut être prudent concernant la communication de tels sujets aux patients.

Gabaidoro - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php? curid=40691731

De nombreux médecins se posent encore des questions sur la composition des vaccins à ARN messager et à vecteurs viraux. "Le mode d'action est identique à tous les vaccins", rassure Michel Goldman. "L'idée est de stimuler une réponse du système immunitaire vis-à-vis d'un antigène essentiel du virus, la protéine spike, qui lui permet de pénétrer dans nos cellules. Il s'agit de mobiliser tous les bras du système immunitaire nécessaires pour combattre le virus. C'est-à-dire stimuler la production d'anticorps neutralisants, qui empêchent le virus de pénétrer dans nos cellules, idéalement dès qu'il parvient dans vos voies aériennes supérieures. Et stimuler l'immunité cellulaire: on sait qu'une fois qu'un virus se trouve à l'intérieur d'une cellule, on a effectivement besoin de lymphocytes T tueurs pour se débarrasser de ce virus."Le Pr Goldman ajoute que la mémoire du système immunitaire est importante, notamment pour comprendre le schéma de vaccination. "Cette mémoire est stimulée par le contact répété avec les antigènes. On propose donc deux doses pour s'assurer que la mémoire du système immunitaire soit la meilleure possible."L'immunologue revient ensuite sur les contre-vérités qui circulent au sujet des vaccins. "J'entends énormément de choses, je vois des vidéos qui circulent et qui racontent n'importe quoi. Les vaccins ne peuvent pas modifier le génome. C'est complètement faux. On sait que l'ARN est incapable de s'insérer dans nos chromosomes et dans nos gènes. C'est d'ailleurs une des difficultés de la mise au point des vaccins à ARN messager: cet ARN injecté est très rapidement éliminé, raison pour laquelle on doit l'injecter sous forme de nanoparticules lipidiques qui le protège d'une destruction trop rapide. Dès que la stimulation immunitaire est réalisée, l'ARN disparaît."Même son de cloche concernant les vaccins à vecteurs viraux, comme celui proposé par AstraZeneca. "Ces vaccins, à l'inverse des produits de thérapies géniques, ne vont pas s'insérer dans nos chromosomes et nos gènes, contrairement à ce que l'on raconte. Ils vont gagner le coeur de nos cellules, mais vont rester à l'extérieur de nos chromosomes sous forme de ce que l'on appelle des épisomes." Et de conclure sur le sujet: "On peut dire beaucoup de choses concernant la sécurité des vaccins, mais ne disons pas n'importe quoi. Le risque de modification du génome humain est nul."Michel Goldman rappelle ensuite que le but premier de la vaccination n'est pas d'arriver à l'immunité collective, mais de protéger de la maladie. "Aujourd'hui, nous n'avons pas la certitude que les vaccins vont empêcher la transmission du virus. Ceci dit, la démonstration n'est pas faite, mais la probabilité est grande que les vaccins aient un impact sur la transmission. L'immunité collective est importante. C'est logique que l'on en parle. Mais l'objectif initial de la vaccination est de protéger de la maladie, et en particulier des formes graves."L'immunité collective représente un défi considérable, estime d'ailleurs l'immunologiste. "Il faut que 70% de la population soit effectivement protégé. Cela veut dire qu'une proportion importante d'individus jeunes, y compris des jeunes en dessous de 12 ans, soient vaccinés. Ce qui pose une série de problèmes déjà abordés par les agences réglementaires, notamment concernant la vaccination des enfants."L'immunosénescence constitue une autre problématique, puisqu'elle amoindrit l'efficacité des vaccins plus le patient est âgé. Or, le risque de décès augmente fortement au-delà de 70 ans. "Tous les vaccins ne seront pas égaux. Il est probable que les vaccins à ARN messager soient plus efficaces. Ce qui pourrait poser des problèmes considérables puisque la Belgique a beaucoup misé sur le vaccin AstraZeneca (40% des doses envisagées) qui est à vecteur viral."Les mutations du virus font parler d'elles, notamment au niveau de la contagiosité qui est plus importante. "Ce virus mute. Il a déjà muté et va continuer à muter. La question est de savoir si ces mutations sont aléatoires ou non. On pense que c'est le cas, mais vont-elles le rester?", se demande Michel Goldman. "La présente mutation favorise la transmission du virus. Ce qui ne veut pas dire que la célérité de la maladie est accrue. Il n'y a pas d'argument en ce sens, mais il faut parler avec prudence."La possibilité existe, selon l'immunologue, que de futures mutations rendent nos réponses immunes et les vaccins moins efficaces. Mais si cela se produit, ce sera au bout de longs mois, voire d'années. Et il faut être prudent concernant la communication de tels sujets aux patients.