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Avec ses allures de paysage de peinture naïve, la place Saint-Job accueille dans une petite rue sans issue, mais en pavés qui la borde, une rangée de restaurants dont "Charlu", situé dans une belle maison ancienne tout droit sortie elle aussi de l'univers d'Amélie Poulain.En retrait de l'animation du grand parvis du quartier, le lieu paraît également hors du temps : vitres dépolies, plancher qui craque et craquant, large comptoir en bois, banquettes qui le sont tout autant, surplombés par des miroirs qui reflètent un peu plus le charme désuet de l'endroit. L'été, une grande terrasse se déploie au-devant de cette demeure au toit en chapeau, un antique et superbe marronnier faisant office de parasol naturel.Repris depuis à peine un an tout juste par Patrick Triest, propriétaire du Guignol, toujours dans ce même quartier d'Uccle, c'est Antoine Salviat (anciennement du Thoumieux et du Comptoir d'Antoine) qui gère les lieux de sa gouaille corrézienne en parfait accord avec l'esprit "tranquille" de l'établissement.Lequel d'ailleurs propose sous l'égide de deux chefs - Charles Van Elewyck pour le côté belge, Olivier Destribois pour le côté basque - une cuisine de brasserie française aux accents parfois belges. Parmi les entrées, on trouve notamment le jambon persillé de Bourgogne, un carpaccio de poulpe aux agrumes, huile de chorizo, les six escargots, toujours de Bourgogne, de la maison Valentin, ou encore les croquettes de jambon blanc Ibaïama (évidemment basquais ! ) et escargots au coulis de persil, délicieux.Une tendance généralement Sud-Ouest que l'on retrouve dans les plats avec le carré d'agneau de Lozère, tian de légumes, pommes de terre nouvelles au romarin, le parmentier de canard confit ou le magret de canard des landes en tagliata, roquette sauvage, copeaux de fromages de brebis des Pyrénées, huile de truffe. Et pour faire bonne mesure, une noix d'entrecôte Holstein grillée frites maison, afin de faire mentir cette affirmation.N'empêche, en dessert la coupe périgourdine ou les pruneaux d'Agen à l'armagnac confirment cette jolie inclination, tout en mettant également à l'honneur la dame blanche nationale, le moelleux au chocolat et son coeur coulant caramel beurre salé ou une préparation aux fraises de Wépion.La carte, de dimension raisonnable, affiche des prix bruxellois et pas du Sud-Ouest hélas, tout en restant dans une tranche raisonnable. L'assiette bien présentée, offre des portions raisonnables, sans plus, et servies par un service attentif.Enfin, si les vins eux viennent principalement de toute la France, ils offrent un rapport qualité-prix intéressant (un bourgogne Hautes-Côtes de Nuits Dames Huguettes Nuiton Beaunoy 2017 à 37 euros, tout à fait honorable) ; il en est de même du lunch à 18 euros (un plat du jour à 13.5 euros) ou du menu du mois décliné à 35 ou 52 euros selon qu'il inclue trois ou cinq services.Pas trop cher, charmant... Charlu.