Ravissante, étonnante et grimpante, Lausanne tient une forme... olympique.
...
Au départ fondée au bord du Léman, d'abord par les Romains, la cité médiévale de Lausanne va se bâtir sur un promontoire protecteur entre deux cours d'eau, la Louve et le Flon. Un prince-évêque (de Vaud) dépendant du Saint-Empire romain germanique s'y installe dès le 6e siècle, et pour 1000 ans. Il y fait construire une cathédrale de style gothique classique au 12e siècle, aujourd'hui la plus grande de Suisse, flanquée, plus haut, d'un château de molasse également et de briques, qui abrite aujourd'hui le gouvernement cantonal. Les Bernois s'emparent ensuite de Lausanne pour deux siècles, laissant vivoter cette ville topographiquement compliquée car répartie entre trois collines, qui finit par rejoindre la Confédération helvétique en 1803 et devient chef-lieu du canton de Vaud. Bombardée centre administratif, elle voit pousser de beaux bâtiments 19e d'allure altière, de style autrichien, et surtout trois ponts qui relient désormais cette ville pentue et grimpante, située au milieu des vignes du canton (ou le chasselas règne en maître), deuxième producteur de vins de Suisse après le Valais. Une cité en terrasses à la manière des vignobles qui l'entourent, notamment dans le Lavaux. La gare est imposante, de style Art déco allemand, dotée d'un buffet aux fresques surannées et paysagères évoquant notamment la culture de la vigne, qui valent le détour. La ville, rivale de Genève, abrite le Comité olympique international, mais aussi une école hôtelière mondialement réputée ; une autre, polytechnique, l'est tout autant. Ville qui reste de tradition protestante: la première école de théologie protestante, un des seuls héritages de la période bernoise, trône toujours dans la cité médiévale, coeur historique paisible homogène, aux bâtiments qui mélangent style allemand et français. Son joyau est sans doute sa cathédrale, à laquelle s'intéressa un certain Viollet-le-Duc (d'ailleurs enterré à Lausanne). Passée sous l'égide protestante en 1536 (bien qu'aujourd'hui, avec l'immigration, la population soit majoritairement catholique), celle qui fut d'abord dédiée à Notre-Dame a gardé son élégance, et gagné en épure en se réformant. Miracle, son tympan a été préservé, tout comme sa statuaire racontant la sanctification de la Vierge. Située sur les chemins de Saint-Jacques, elle fit l'objet d'un culte marial avant la Réforme. Mais son trésor absolu reste sa rosace, qui compte 105 vitraux dont 75 d'époque, qui représentent pour les anciens les saisons, les signes du zodiaque, des fleuves et créatures fabuleuses, un extraordinaire almanach du Moyen Age qui, avec son bon sens paysan ou viticole, a eu la bonne idée déjà d'évacuer la thématique religieuse.