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Le Dr Ri De Ridder a rappelé lors du colloque Chronisanté (1), organisé les 19 et 20 octobre par les cinq projets pilotes soins intégrés wallons, que depuis des années, les autorités réfléchissent à la possibilité de créer des soins plus intégrés. Ces soins reposent sur les cinq objectifs (Quintuple Aim, lire encadré) qu'il faut atteindre dans le secteur de la santé. "On peut résumer cette approche assez simplement. Avec l'argent dont on dispose, soit 35 milliards d'euros pour le budget des soins de santé en 2023, il faut faire nettement mieux, tant au niveau des résultats pour la santé de la population, du vécu par les gens des soins qu'ils reçoivent et du sentiment d'être reconnus et de ressentir du bien-être au travail pour les prestataires de santé. Tout cela, en respectant des principes d'universalité et d'équité. Par rapport aux pays limitrophes, la Belgique a de moins bons résultats par rapport aux inégalités de santé - entre autres le nombre d'années en bonne santé dans la population - et au niveau de l'accès aux soins. Une réponse existe pour améliorer la situation: c'est l'intégration des soins. Il faut un changement d'approche et décider de travailler en relais en plaçant les patients au centre. Cette approche, qui est celle défendue par l'Organisation mondiale de la santé, va permettre de relever le défi que l'on en train de perdre actuellement. Nous ne serons pas capables d'assumer la demande de soins qu'il y aura dans la société en 2040 si nous ne changeons pas notre fonctionnement. Il faut investir dans la santé, pas seulement dans les soins."Le Dr De Ridder soutient que le cadre existe. Il faut centrer les efforts sur la personne, sa famille, sa communauté, avec lesquelles les prestataires travaillent ensemble pour arriver au changement. "Comment arriver à un changement?", interpelle Ri De Ridder. "Il faut d'abord une prise de conscience. Prenons l'exemple du Covid, qui en raison de l'importance de la menace a permis de changer très rapidement de nombreuses procédures dans l'organisation des soins. C'est possible de changer le système. Au niveau des soins intégrés, le défi est de prendre en charge des besoins pour lesquels nous n'avons pas assez investi. Il faut améliorer la résilience et l'autonomie de la population. Nous avançons dans la bonne direction. Le budget 2022 des soins de santé prévoit déjà d'avancer de façon transversale en suivant les objectifs du Quintuple Aim. Les nouveaux investissements doivent être concentrés sur ces objectifs de soins de santé."Le Dr De Ridder insiste sur l'importance d'un leadership pour apporter le changement. "Il faut que les responsables - du pouvoir politique, de la formation, de la défense professionnelle - prennent l'engagement de vouloir changer. Nous avons décidé d'investir dans la création d'un plan interfédéral soins intégrés. Ce plan doit être un projet commun, réalisé par le fédéral en collaboration avec les entités fédérées. Je pense que nous allons réussir ce défi."Le conseiller du ministre Vandenbroucke estime que pour réaliser le changement, il faut modifier la mentalité, la formation, l'infrastructure digitale, les procédures, le financement... "Intégrer, c'est également perdre en autonomie", prévient-il. Pour mettre sur pied à l'horizon 2024 un plan interfédéral solide, qui sera développé par les prochains gouvernements, Ri De Ridder considère qu'il faut réaliser un travail politique qui permettra de mettre en commun sur base d'une analyse les décisions et engagements que chacun doit prendre. "Des initiatives existent déjà: Proxisanté en Wallonie, Réseau soins intégrés à Bruxelles, Eerstelijnenzone en Flandre... L'opportunité est grande de pouvoir donner un contenu commun à toutes ces démarches, au service de notre population", avance Ri De Ridder. Pour l'ancien directeur général des soins de santé de l'Inami, il est également important de mettre à profit l'expertise des projets pilotes et d'autres projets qui sont en cours. "Il faut identifier comment on peut définir, en parallèle avec le développement de ce Plan interfédéral des soins intégrés, les facteurs de succès. On mettra le curseur sur le management du changement. Nous sommes convaincus qu'il faudra une gestion territoriale des soins intégrés. Une récente étude du KCE sur le sujet (lire encadré), a montré qu'il y a encore un fossé entre la volonté d'implémenter les soins intégrés et la maturité, sur le terrain. Il faut parvenir ensemble à implémenter les soins intégrés, grâce au consensus politique, au Plan interfédéral et aux projets menés sur le terrain." Lors du colloque Chronisanté, le Dr De Ridder a précisé qu'il ne reste pas assez de temps durant cette législation pour faire aboutir totalement le Plan interfédéral soins intégrés, du moins, au niveau des accords de collaboration entre le Fédéral et les entités fédérées. "Ce plan va permettre d'élaborer une structure solide dans laquelle on abordera, avec les différentes autorités, tous les points au niveau du financement, de la responsabilité des acteurs, de l'organisation... Treize points, qui ont été identifiés, doivent encore être traités."