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Symphonie en cinq mouvements que cette exposition consacrée à l'auteur de L'hymne à la joie et qui se veut une sorte d'orchestre mobilisant tous les instruments disponibles dans la muséologie. Les chefs d'orchestre en sont Agnieszka Lulinska et Julia Ronge, qui ont réussi à interpréter cette oeuvre en soi que fut la vie de Beethoven, en parvenant à s'adresser au public adulte, en même temps que de raconter une histoire capable d'intéresser les plus jeunes.Elle se veut à la fois tactile (on peut toucher le masque de Beethoven, enfin la reproduction par Klein de 1812), visuelle, et bien sûr sonore (malgré la surdité précoce de son sujet). Chaque mouvement est ainsi rythmé d'extraits d'oeuvres, balisé par des vêtements représentant la mode de l'époque.Elle débute évidemment par l'enfance et l'éducation du jeune Ludwig, d'ascendance belge, qui remplace le Maître de chapelle de Bonn (que fut son grandpère, mais que n'est pas son père) du prince électeur Maximilien Franz.A 14 ans, il intègre l'orchestre qui anime les bals masqués (décrits par Franz Rousseau, peintre de cours qui dépeignit la vie à Bonn à l'époque) de l'évêque et doit subvenir déjà aux besoins de sa famille, son père étant devenu alcoolique. Il perd sa mère à 17ans, une lettre à un ami exposée est le témoin de son immense chagrin (il est revenu de Vienne à Bonn cinq ans, mais ne reviendra plus ensuite). Toute sa vie il sera obsédé par la peur de manquer d'argent.La première partie (où l'on peut voir son acte de baptême) se termine comme chacun des cinq mouvements sur une chambre d'écoutes donnant à entendre cette fois trois sonatines dédiées au prince électeur.Le deuxième concerne son arrivée définitive à Vienne en 1792, qu'il a visité une première fois en 1786, l'arrivée des Français à Bonn (1794) le contraignant à ne plus revoir sa ville natale. Le fameux portrait de Czerny d'après Lange de Mozart, y côtoie celui de Salieri, son rival, par Mähler (sic ! ) et d'Haydn (par Seehas) qui fut le maître de Ludwig.Spectaculaire, cette partie détaille l'orchestre entier mis à la disposition de Beethoven, offert par un mécène, un quatuor à cordes du luthier Geissenhoff, considéré comme le Stradivarius viennois. Est également expliquée la différence entre archets français et viennois, plus en usage aujourd'hui. L'expo ajoute que la plupart des compositions de Beethoven étaient conçues au pianoforte et non pas au piano moderne, apparu au 19e siècle.Beethoven composa même à Vienne pour un ballet, Les créatures de Prométhée en 1801, illustré par des aquarelles dessins et fac-similés d'Andrea Canova.Le troisième mouvement de cette symphonie achevée et totale s'intitule Les sentiers de la gloire, sans cymbales s'il vous plaît. Elle s'ouvre sur un portrait du compositeur par un certain Malher (prémonitoire et par ailleurs mot qui, écrit Maler, signifie peintre en allemand).Des dioramas reconstitués et très prisés à l'époque illustre Fidelio, seul opéra composé par Ludwig, et l'exposition exhibe la copie originale de La symphonie héroïque qui devait s'intituler Napoléon (on voit le trou fait de rage par le compositeur sur la partition), Beethoven changeant d'avis lorsqu'il apprend, furieux, que son héros s'est fait couronné empereur en 1804 (le portrait équestre, pas très bon, de Bonaparte par Henri et Ferdinand Oliver est placé juste à côté).La gloire s'accompagne de problèmes de santé, de surdité notamment, et c'est dès 1815 que Beethoven donne son dernier concert.L'expo répertorie d'ailleurs ses diverses maladies, nombreuses (pneumonie, variole... surdité bien sûr) et ses divers médecins, dont un certain Schmidt qui aurait voulu le disséquer à sa mort avec son accord, mais meurt en 1809, ou un certain Smetana! ! ! Cette partie médicale tord d'ailleurs le coup à la légende tenace de l'aspect renfrogné et du caractère misanthrope du personnage qui, passée la barrière de la surdité, se révélait en fait plutôt sympathique.La gloire et son prix, évoque le triomphe de Beethoven en même temps que la chute de Napoléon.Les désastres de la guerre, prêtés par Madrid, consistent en un ensemble de gravures horribles, qui illustrent dépeint par Goya les atrocités commises par les Français en Espagne. La symphonie de bataille La victoire de Wellington, remportée par ce dernier en 1813 à Vitoria au Pays Basque contre les troupes napoléoniennes, démontre que Beethoven a du sens politique: sentant que le pouvoir change de camp, il se met au service des vainqueurs, notamment l'empereur autrichien François II pour qui il compose La septième symphonie suite à la victoire de Leipzig à La bataille des Nations en 1813,Les salons musicaux deviennent à la mode et celui de la famille viennoise Scheid est reconstitué d'autant qu'il est rythmé des peintures symbolistes signées Auchentaller en 1899 qui évoquent La symphonie pastorale en cinq tableaux et mettent en scène les membres de cette riche et talentueuse famille. Ils entourent les deux piano-fortes reconstitués de Beethoven.La Kunsthalle reconstitue le quotidien du compositeur (il y a même la recette de sa fameuse soupe que l'on peu emporter), qui dévoile notamment le fameux portrait de Joseph Stieler en 1820, ou une lettre autographe qui voit Beethoven se déchaîner contre un copiste qui refuse de retranscrire sa Neuvième.La mort clôt l'exposition magistrale notamment au travers de gravures qui montrent ses funérailles viennoises et la foule immense qui accompagne le compositeur vers sa dernière demeure.Le final consiste en la frise non achevée de Klimt réalisée en 1901 lors de la sixième exposition de la Sécession viennoise et qui illustre L'hymne à la joie d'un compositeur qui n'était pas, contrairement à ce que l'on croit trop souvent, ... un triste sire.