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À la mort de William Mitchell, chef du Foreign Office, la police investit la maison mitoyenne de Joan, octogénaire tranquille, plus occupée à tailler ses arbustes qu'à comploter contre la Couronne.Accusé de 27 chefs d'accusation, cette vieille dame indigne est interrogée, sans ménagement et en présence de son ils, sur son passé : ses études à Cambridge, ses accointances avec Leo Galich et sa soeur Sonya, Juifs russes, passés par l'Allemagne, réfugiés en Angleterre et qui, à l'époque, animent une section étudiante du Parti communiste.Moins oie blanche qu'elle en a l'air, Joan se déie de la foi indéfectible en le parti, tombe amoureuse de Léo, et brillante étudiante en physique, est recrutée comme petite main sur le projet " Tube alloys " qui voit les Britanniques tentés de fabriquer, hors du giron américain, leur propre bombe atomique avant les Allemands.Refusant de trahir sa patrie, malgré l'insistance de Léo, devenu agent du KGB, Joan bascule dans la collaboration avec l'ancien allié à la suite Hiroshima...De facture classique et évoquant Imitation Game avec Benedict Cumberbatch dans le rôle d'Alan Turing, Red Joan est un film historique britannique, donc qui ne se prend jamais les pieds dans les ficelles de la reconstitution. L'histoire reste fluide et prenante, comme dans The king's speech, et portée par des acteurs anglais formidables comme toujours, dont Stephen Campbell Moore en chef de projet amoureux ou Ben Miles, sosie de Terence Stamp, qui interprète Nick le fils de Joan.La palme revient évidemment à la vétérante Judi Dench, inoxydable malgré son âge, qui livre une performance digne de Philomena de Stephen Frears, dans un film en résonance avec la période actuelle, qui rend hommage au rôle de figures féminines dans la guerre même secrète, et à celui d'une femme en particulier (Melita Norwood, The Red Granny), dont c'est l'histoire romancée.Une héroïne qui fait le choix par conviction humaniste, et non politique, de favoriser la dissuasion, décide de trahir son pays... plutôt que l'humanité.Dans un univers à l'époque sexiste (il l'est à nouveau notamment de l'autre côté de l'Atlantique), le personnage féminin de Joan se révèle le meilleur espion qui soit, parce que, explique-t-elle à son ils interdit, " invisible, mais puissant".