Fin octobre, la FDA a donné son accord à un vaccin contre le Covid-19 spécifiquement conçu pour un usage pédiatrique. L'aval des CDC a suivi quelques jours plus tard. Dès à présent, les enfants de cinq à onze ans peuvent donc être vaccinés aux États-Unis.
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Le produit qui vient d'être approuvé est une version adaptée aux plus jeunes du vaccin à ARNm de Pfizer (Comirnaty)® qui était déjà utilisé chez les adultes, dont il ne contient qu'un tiers de la dose. Pour éviter tout risque de confusion, l'étiquette et le bouchon violets ont été remplacés par un équivalent orange. Comme leurs aînés, les enfants recevront deux doses du vaccin à trois semaines d'intervalle. L'approbation repose sur un essai clinique chez quelque 4.650 enfants, dont il ressort que le vaccin offre une protection de 91% contre l'infection symptomatique par le Sars-CoV-2. Deux tiers des participants ont reçu le vaccin, le dernier tiers un placebo. Les effets secondaires les plus courants étaient une douleur et un gonflement au site d'injection. Plus rarement, on observait une fièvre, des frissons, des maux de tête, une fatigue et un gonflement des ganglions lymphatiques. Les effets secondaires étaient moins fréquents chez les enfants que chez les adolescents et disparaissaient rapidement. Les effets secondaires les plus frappants du vaccin pour adultes - la myocardite et la péricardite - n'ont pas été observés dans l'étude pédiatrique, mais la vigilance est évidemment de mise à présent que la vaccination va être déployée dans un groupe d'enfants beaucoup plus important. On avance néanmoins pour ces petits patients les mêmes arguments que pour les adultes: il ne s'agit en tout état de cause que de complications rares dont le décours reste généralement bénin, sans compter que le risque de myocardite est de toute façon plus élevé en cas d'infection par le Sars-CoV-2 qu'après vaccination. La myocardite après vaccination s'observe principalement chez les hommes jeunes, avec une incidence de onze cas par million de doses chez les hommes âgés de 25 à 30 ans et de 37 à 69 cas par million de doses chez les garçons de 12 à 24 ans, ce qui pourrait donner à penser que le risque est plus élevé à un âge plus précoce. Les experts se montrent toutefois optimistes et soulignent que, comme nous l'avons déjà dit plus haut, les effets secondaires de la vaccination sont globalement moins fréquents chez les enfants que chez les adolescents. Il est aussi possible que le dosage plus faible offre à cet égard une protection supplémentaire. La vaccination des enfants devrait faire diminuer le nombre d'infections par le Sars-CoV-2 dans ce groupe d'âge, mais il est entre-temps suffisamment établi que la maladie ne connaît que rarement un décours défavorable dans ce public. Des experts interrogés par la revue Nature ne s'attendent donc pas à ce que la vaccination pédiatrique ait un impact spectaculaire sur l'épidémiologie globale de l'infection par le Sars-CoV-2 tant que celle-ci reste déterminée par le variant delta... mais ils soulignent par contre qu'elle pourrait faire toute la différence si un nouveau variant agressif devait émerger dans le futur. De ce fait, on considère que les bénéfices de la vaccination pèsent plus lourd que les risques. Pour bien des parents, savoir que leur enfant ne reviendra pas de l'école avec une infection au Covid (ou à tout le moins que le risque est faible) représente en outre un confort psychologique certain. Enfin, précisons pour conclure que certains pays comme la Chine ont déjà lancé la vaccination des enfants de moins de 12 ans.