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Une énième taskforce, un énième barbarisme dans notre langage qui vient compliquer la compréhension d'un phénomène déjà difficile à saisir dans toute sa complexité. Qu'à cela ne tienne, les besoins étaient là: plusieurs nouveaux médicaments antiviraux et anticorps monoclonaux seront disponibles dans les semaines et les mois à venir. L'Agence européenne des médicaments (EMA) est en train de les évaluer, et a d'ailleurs rendu un avis sur l'utilisation de deux médicaments antiviraux: le monupiravir (Lagevrio® et le PF-1332 Paxlovid®). En mars dernier, Dominique Costagliola, directrice adjointe de l'Institut Pierre-Louis d'épidémiologie et de santé publique (Université de la Sorbonne), confiait au magazine The Conversation que l'on peinait à mettre ne serait-ce qu'un seul antiviral au point. "Pour les maladies virales brèves, nous ne disposons pas d'antiviraux efficaces..."Aujourd'hui, neuf mois plus tard, les demandes d'approbation affluent pourtant sur les bancs de la FDA et de l'EMA. Et pas que du côté des antiviraux oraux. Plusieurs anticorps monoclonaux ont également été approuvés récemment. Le 12 novembre, l'EMA a approuvé deux traitements: le regdanvimab (Regkirona® et le casirivimab/imdevimab Ronapreve®). Enfin, il y a aussi l'éventuelle "réaffectation" de produits (comme la fluvoxamine) qui sont déjà sur le marché. Des résultats d'études paraissent désormais aussi pour ces produits (et le profil de sécurité est déjà mieux connu), de sorte qu'ils peuvent éventuellement être utilisés aussi. Afin d'harmoniser et de coordonner toutes les décisions concernant ces nouveaux médicaments, le ministre Vandenbroucke a donc mis en place la Taskforce Covid Therapeutics. Cette Taskforce fonctionne au sein du Centre d'expertise des soins de santé (KCE), qui travaille en étroite collaboration avec la cellule chargée de l'évaluation des médicaments de la Commission de remboursement des médicaments (CRM) de l'Inami, avec le SPF Santé publique et l'AFMPS. La Taskforce est sous la présidence du Pr Dirk Ramaekers. "Les traitements contre le Covid-19 qui feront bientôt leur apparition sur le marché sont potentiellement une innovation. L'efficacité et la sécurité de ces médicaments n'auront été démontrées que dans une mesure limitée. En temps normal, un médicament n'arriverait pas de cette manière, mais nous ne sommes pas en temps normal", justifie Frank Vandenbroucke. "Notre système de soins de santé est soumis à une pression énorme en raison de la pandémie et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réduire cette pression. Si certains médicaments antiviraux peuvent offrir un rempart supplémentaire contre le Covid, nous ne devons pas hésiter à les utiliser. Je pense néanmoins que nous devons également passer autant que possible par des contrats européens. Les premiers contrats sont en cours d'élaboration."