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S'appuyant sur des travaux réalisés en Europe, aux États-Unis et au Royaume-Uni et qui portent sur les liens entre les facteurs liés au travail et les maladies chroniques, l'invalidité et la mortalité, une équipe internationale a entrepris d'examiner l'association entre le fait d'exercer un emploi stimulant sur le plan cognitif et le risque ultérieur de démence, tout en cherchant les voies protéiques de cette association. Trois associations ont été examinées: la stimulation cognitive et le risque de démence chez 107.896 participants de sept études prospectives du consortium IPD-Work, un projet de recherche collaboratif de 13 études de cohorte européennes ; la stimulation cognitive et les protéines dans un échantillon aléatoire de 2.261 participants d'une étude de cohorte ; et les protéines et le risque de démence chez 13 à 656 participants de deux études de cohorte. La stimulation cognitive au travail a été mesurée au départ et au fil de l'étude et les participants ont été suivis pendant 17 ans en moyenne pour voir s'ils développaient une démence. Les emplois "actifs" stimulants sur le plan cognitif comprennent des tâches exigeantes et une grande latitude décisionnelle (également appelée contrôle du travail), tandis que les emplois "passifs" non stimulants sont ceux qui sont peu exigeants et manquent de contrôle du travail. Pendant 1,8 million d'années-personnes à risque, 1.143 personnes atteintes de démence ont été enregistrées. Après ajustement pour les facteurs potentiellement influents, y compris l'âge, le sexe, le niveau d'instruction et le mode de vie, les chercheurs ont constaté que les personnes exerçant un travail cognitivement stimulant présentent un risque plus faible de démence à un âge avancé que celles ayant un emploi non stimulant: le taux d'incidence est de 4,8 pour 10.000 années-personnes dans le groupe à forte stimulation et de 7,3 pour 10.000 années-personnes dans le groupe à faible stimulation. Cette association ne diffère pas entre les hommes et les femmes ou entre les personnes de moins ou de plus de 60 ans. Il semble qu'elle soit cependant plus forte pour la maladie d'Alzheimer que pour les autres démences. La stimulation cognitive est également associée à des niveaux inférieurs de trois protéines plasmatiques qui inhibent l'axonogenèse et la synaptogenèse du système nerveux central et augmentent le risque de démence. Selon les auteurs, cette découverte fournit des indices sur les mécanismes biologiques sous-jacents.