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Porte-drapeau de la vague " shoegazing " à la fin des années 80, qui mêlait guitares ronflantes et paradoxalement relents psychédéliques, Ride, quatuor formé à Oxford, la ville pas l'université, connut finalement une existence assez courte : après un début tonitruant, en termes de succès notamment, l'intérêt pour leur musique se dilua, jusqu'à disparaître complètement. L'un des deux leaders, Andy Bell, rejoint Oasis et le souvenir de Ride se noya sous la vague de la britpop. Les trois autres membres du groupe en intégrèrent d'autres pour certains (Loz Colbert, the Jesus and the Mary Chain ou Supergrass) tandis que Mark Gardener multiplia les collaborations et commettra un album solo These Beautiful ghosts en 2005, rehaussé par son timbre vocal délicat, quasi diaphane. En 2017, 21 ans après la rupture, Ride se reforme autour d'un plutôt convaincant Weather Diaries. Son successeur l'est plus encore : les douze chansons de This is no a safe place, replongent sans honte dans le début des années nonante, période de l'épiphanie du groupe. Des chansons comme End Game, Kill Switch ou Future love démontrent que Ride n'a rien perdu de sa capacité à mêler rythmes trépidants et mélodies mémorables. La griffe de Gardener imprime sa marque à l'ensemble, sa voix éthérée en duo avec des guitares cristallines posées sur des mélodies atmosphériques comme Shadows behind the sun évoque son seul album solo, et si 15 minutes rapelle Sonic Youth dans son entame, c'est Cocteau Twins et ses guitares délicates qui s'impose comme référence sur Eternel recurrence. Pas étonnant vu que le chanteur guitariste du groupe a signé voici quatre ans un album avec Robin Guthrie, leader du trio lui aussi marqué au sceau du début des 90's. Bref, Ride semble avoir retrouvé une fraîcheur et un enthousiasme juvénile à l'aube de la cinquantaine : les rides siéent bien à Ride... - Ride: This is not a safe place (Wichita Recordings)