La grande efficacité des vaccins pour la prévention des infections symptomatiques à Sars-CoV-2 a été une agréable surprise. Pourront-ils toutefois aussi freiner la transmission du virus?
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Les experts ont déjà averti qu'apporter une réponse concluante à cette question ne serait pas une mince affaire. Les données dont nous disposons actuellement sont néanmoins encourageantes. Dans l'étude sur le vaccin Moderna, une dose unique permettait déjà d'obtenir dans le groupe vacciné une baisse de deux tiers du nombre d'infections asymptomatiques en comparaison avec le groupe contrôle. Un test PCR n'a toutefois été réalisé qu'à deux reprises, les deux analyses étant séparées par un intervalle d'un mois, ce qui fait craindre qu'un certain nombre de cas aient pu passer entre les mailles du filet. L'étude portant sur le vaccin d'AstraZeneca a également permis d'observer un recul plus marqué de la charge virale dans un sous-groupe de sujets vaccinés que dans la population non vaccinée. Une petite étude pas encore publiée réalisée par une équipe israélienne va dans le même sens. Les auteurs ont observé cette fois une plus faible charge virale chez les sujets vaccinés puis contaminés deux à quatre semaines après l'administration de la première dose du vaccin que chez ceux qui avaient contracté l'infection au cours des deux premières semaines suivant la vaccination. Les experts pensent pouvoir en conclure que le vaccin permet effectivement de limiter la charge virale chez les patients contaminés, pour peu qu'il ait eu le temps d'atteindre son plein effet. La charge virale au niveau des muqueuses des voies respiratoires supérieures est considérée comme un critère de substitution fiable pour évaluer la contagiosité. Les preuves les plus concluantes sont toutefois celles qui émanent d'un protocole de recherche plus complexe, qui consiste à déterminer si les contacts proches d'un sujet-index vacciné présentent un risque de contamination plus faible que ceux d'un sujet-index non vacciné. Au Royaume-Uni, l'étude Panther a testé entre avril et août de l'an dernier plusieurs centaines de prestataires de soins et leurs familles pour détecter la présence d'ARN viral et d'anticorps. Une partie de ces soignants, aujourd'hui vaccinés, vont être à nouveau testés avec leurs proches pour déterminer si le risque de contamination a diminué chez ces derniers. Des chercheurs israéliens vont de leur côté s'intéresser aux sujets-index qui contractent le virus après vaccination, afin de savoir s'ils le transmettent aux personnes vivant sous le même toit. La ville brésilienne de Serrana va vacciner sa population en plusieurs phases de quelques mois chacune. En parallèle, des recherches seront réalisées pour déterminer si le recul du nombre de cas de Covid-19 dans les zones vaccinées de la ville s'accompagne d'une baisse de la transmission du virus dans celles qui ne le sont pas encore. Le déploiement de protocoles de recherche les plus variés possible est nécessaire pour pouvoir établir avec un haut degré de certitude si le vaccin contre le Covid-19 freine effectivement la transmission du pathogène, soulignent les experts.