Comment enseigner l'anatomie et l'histologie quand on est face à... 800 étudiants? Challenge relevé avec brio par la faculté de médecine liégeoise, grâce à des outils virtuels innovants qui complètent la dissection cadavérique traditionnelle.
Les moins jeunes qui ont fait leur cursus universitaire en Cité ardente se souviennent sans doute du minuscule théâtre anatomique des leçons de dissection de Pitteurs - un patrimoine exceptionnel, dont les boiseries et l'ambiance à la "docteur Tulp" ont quelquefois servi le 7e art. Malgré un déménagement vers le Sart-Tilman dans des installations dernier cri, la croissance des cohortes estudiantines - 800 élèves en TP d'histo-patho-anatomie (médecine + dentisterie + sciences biomédicales) - , confrontée par ailleurs à la rarescence du legs de corps (et encore, Liège n'a pas trop à se plaindre avec ses 80 à 100 donneurs annuels), ont fait basculer l'enseignement pratique dans la réalité virtuelle.
Ces instruments de réalité augmentée doivent être intégrés "en cohérence pédago-numérique", insiste la Pr Defaweux.
Un microscope virtuel et vertueux
Trois outils numériques viennent d'être présentés par Valérie Defaweux, professeur d'anatomie histologie à l'ULiège et actuellement invitée à l'Université du Québec à Trois-Rivières, à l'occasion d'Innov'Up, la semaine de l'innovation qui s'est tenue au CHR Citadelle de Liège.
La réalité de terrain - le nombre d'étudiants, mais aussi la demande exponentielle en formation continue (pour implémenter de nouveaux gestes chirurgicaux, p.ex.) - "font qu'il faut optimiser le temps d'étude sur les cadavres", explique la Pr Defaweux. "Le mixer avec des environnements numériques prépare mieux les étudiants à travailler sur les corps." Désormais, l'étudiant prépare sa lame à l'avance, puis se connecte à Teams avec l'assistant moniteur pour partager ses observations pour, enfin, pratiquer sur tissus réels.
L'outil majeur de cet enseignement "3.0" est le microscope virtuel intégré à l'interface web Cytomine. Cette spin-off de l'ULiège connaît une belle success-story : un mooc de TP en histologie générale lancé en 2016 avec ce microscope numérique open source attire désormais quelque 8.000 étudiants chaque année, notamment dans plusieurs universités de France. "On voit que les aptitudes visuo-spatiales influencent les performances des étudiants dans l'apprentissage de l'anatomie pratique", analyse à rebours Valérie Defaweux. "En outre, l'interface nous permet d'extraire des big data en analyse d'apprentissage. L'algorithme d'intelligence artificielle arrive à prédire la note de l'étudiant avant l'examen, selon la façon dont il s'est comporté lors de son apprentissage sur le microscope virtuel." Un cycle vertueux, donc. L'exploration des diverses lames et structures histologiques s'apparente à un jeu de piste.
Plonger dans le corps en 3D
Le deuxième outil, "ARnatomy", est une appli (gratuite) de réalité augmentée développée avec le CHU de Liège, que l'étudiant installe sur son smartphone pour - un peu à l'instar de Pokémon GO - projeter la réalité virtuelle et naviguer au coeur de l'anatomie. Un mélange de vues anatomiques et histologiques notamment modélisées à partir de scanners de patients bien réels et autres clichés d'imagerie médicale, et de squelettes (plus besoin d'un Oscar dans son kot) pour un voyage en 3D du macroscopique jusqu'à la plus infime des structures du corps humain.
Enfin, Valérie Defaweux, tout en insistant sur l'importance "d'intégrer efficacement et en cohérence pédago-numérique" ces instruments innovants, a également touché un mot de "Primal", autre épatante interface 3D de réalité augmentée pour assimiler la complexité de l'anatomie, mais qui exige ici un casque (encore assez onéreux) de RV, ce qui complique la tâche vis-à-vis de centaines d'étudiants à devoir équiper.
Les moins jeunes qui ont fait leur cursus universitaire en Cité ardente se souviennent sans doute du minuscule théâtre anatomique des leçons de dissection de Pitteurs - un patrimoine exceptionnel, dont les boiseries et l'ambiance à la "docteur Tulp" ont quelquefois servi le 7e art. Malgré un déménagement vers le Sart-Tilman dans des installations dernier cri, la croissance des cohortes estudiantines - 800 élèves en TP d'histo-patho-anatomie (médecine + dentisterie + sciences biomédicales) - , confrontée par ailleurs à la rarescence du legs de corps (et encore, Liège n'a pas trop à se plaindre avec ses 80 à 100 donneurs annuels), ont fait basculer l'enseignement pratique dans la réalité virtuelle. Trois outils numériques viennent d'être présentés par Valérie Defaweux, professeur d'anatomie histologie à l'ULiège et actuellement invitée à l'Université du Québec à Trois-Rivières, à l'occasion d'Innov'Up, la semaine de l'innovation qui s'est tenue au CHR Citadelle de Liège. La réalité de terrain - le nombre d'étudiants, mais aussi la demande exponentielle en formation continue (pour implémenter de nouveaux gestes chirurgicaux, p.ex.) - "font qu'il faut optimiser le temps d'étude sur les cadavres", explique la Pr Defaweux. "Le mixer avec des environnements numériques prépare mieux les étudiants à travailler sur les corps." Désormais, l'étudiant prépare sa lame à l'avance, puis se connecte à Teams avec l'assistant moniteur pour partager ses observations pour, enfin, pratiquer sur tissus réels. L'outil majeur de cet enseignement "3.0" est le microscope virtuel intégré à l'interface web Cytomine. Cette spin-off de l'ULiège connaît une belle success-story : un mooc de TP en histologie générale lancé en 2016 avec ce microscope numérique open source attire désormais quelque 8.000 étudiants chaque année, notamment dans plusieurs universités de France. "On voit que les aptitudes visuo-spatiales influencent les performances des étudiants dans l'apprentissage de l'anatomie pratique", analyse à rebours Valérie Defaweux. "En outre, l'interface nous permet d'extraire des big data en analyse d'apprentissage. L'algorithme d'intelligence artificielle arrive à prédire la note de l'étudiant avant l'examen, selon la façon dont il s'est comporté lors de son apprentissage sur le microscope virtuel." Un cycle vertueux, donc. L'exploration des diverses lames et structures histologiques s'apparente à un jeu de piste. Le deuxième outil, "ARnatomy", est une appli (gratuite) de réalité augmentée développée avec le CHU de Liège, que l'étudiant installe sur son smartphone pour - un peu à l'instar de Pokémon GO - projeter la réalité virtuelle et naviguer au coeur de l'anatomie. Un mélange de vues anatomiques et histologiques notamment modélisées à partir de scanners de patients bien réels et autres clichés d'imagerie médicale, et de squelettes (plus besoin d'un Oscar dans son kot) pour un voyage en 3D du macroscopique jusqu'à la plus infime des structures du corps humain. Enfin, Valérie Defaweux, tout en insistant sur l'importance "d'intégrer efficacement et en cohérence pédago-numérique" ces instruments innovants, a également touché un mot de "Primal", autre épatante interface 3D de réalité augmentée pour assimiler la complexité de l'anatomie, mais qui exige ici un casque (encore assez onéreux) de RV, ce qui complique la tâche vis-à-vis de centaines d'étudiants à devoir équiper.