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"La première ligne revêt une importance cruciale dans la politique de gestion du coronavirus ", souligne le virologue Marc Van Ranst (laboratoire de référence, institut Rega, KULeuven). " Le respect pour la contribution des professionnels des soins primaires devrait se traduire par un souci de leurs conditions de travail. Ces personnes doivent pouvoir remplir leurs missions d'une manière la plus confortable et la plus sûre possible, en bénéficiant de moyens de protection adéquats. "" J'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir mais, pour des raisons qui échappent à mon contrôle, je n'y suis pas parvenu ", ajoute-t-il. Lors de l'épidémie de grippe mexicaine de 2009, il avait - en sa qualité de commissaire influenza - fait constituer des réserves stratégiques de matériel de protection médical/infirmier au cas où la situation prendrait des proportions graves. Ces stocks ont toutefois été détruits entretemps parce que leur date de péremption était dépassée... et la situation n'est aujourd'hui plus la même.Principale source de masques de protection, la Chine a décidé non seulement d'en suspendre complètement l'exportation, mais d'en acheter en masse sur le marché international. À l'heure actuelle, plus d'un milliard de Chinois en portent un au quotidien - un phénomène qui doit sans doute beaucoup à la panique ambiante. " Il suffit que l'OMS prononce le terme 'pandémie' pour que le marché soit vidé en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire ", commente le virologiste." La situation étant ce qu'elle est, nous ne pouvons que nous efforcer d'utiliser le plus intelligemment possible les stocks disponibles. La concertation est en cours avec la SSMG et Domus Medica pour définir l'approche la plus efficiente. "" Je sais que la disponibilité des masques buccaux suscite des inquiétudes parmi les généralistes ", confirme Roel Van Giel, président de Domus Medica (la structure faîtière de la médecine générale en Flandre, ndlr). " Certains collègues ont encore des stocks, d'autres non. " Il souligne néanmoins que la tâche des médecins de famille réside surtout dans le tri téléphonique. " Il ne faut pas créer l'impression qu'ils ne peuvent rien faire en l'absence de masques. Ils doivent en première instance aborder la recherche des cas par voie téléphonique. Lorsqu'une prise d'échantillon se justifie, ils doivent toutefois pouvoir disposer du matériel de protection adéquat. "Domus Medica se concerte actuellement chaque semaine avec l'équipe de crise du SPF Santé publique. Les médecins de famille ont notamment suggéré de constituer des kits prêts à l'emploi contenant l'équipement nécessaire à la prise d'échantillons et du matériel de protection (lire également en page 4, les propositions des médecins généralistes francophones). Pour l'heure, il n'est évidemment pas possible de les diffuser de façon systématique et à grande échelle, mais cela ne semble pas non plus nécessaire." Notre proposition est qu'ils soient transmis aux généralistes par le biais des laboratoires cliniques, qui passent dans les cabinets deux à trois fois par jour ", explique le Dr Van Giel. " Le SPF semble avoir accueilli l'idée favorablement. Les généralistes qui ont besoin d'un kit pourraient ainsi tout simplement contacter leur laboratoire, qui le leur livrerait quelques heures plus tard. Les autorités examinent à présent la possibilité d'organiser ce système. "Pour l'instant, il est convenu que le généraliste renvoie le patient aux urgences s'il ne dispose pas lui-même du matériel de protection nécessaire. " Nous souhaitons clairement nous acquitter de notre rôle de point de contact pour le tri téléphonique ", recadre le président de Domus Medica. " C'est un moyen important d'éviter que les gens ne se rendent aux urgences de leur propre initiative. D'un autre côté, nous n'allons pas non plus faire courir de risques à nos collègues - et personne ne le leur demande, d'ailleurs. "La ministre De Block a décidé il y a quelques jours de participer à un achat groupé européen de masques de protection. Cette initiative évite aux différents pays de devoir négocier individuellement avec les fabricants, ce qui présente d'indéniables avantages pour un petit acteur comme la Belgique. Les unités de production tournent actuellement 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. " Néanmoins, je ne pense pas que nous serons approvisionnés dans les semaines à venir ", observe le Pr Van Ranst. " Certains médecins ont heureusement encore quelques masques sous la main. En 2009, j'avais fait expédier des stocks à tous les collègues, ce qui avait été critiqué... mais nombre d'entre eux les ont encore et sont donc provisoirement parés. "