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Pas ici de réflexion sur l'avènement du bonapartisme, mouvement qui survient suite à la publication du Mémorial de Sainte-Hélène dicté par Napoléon à Las Cases et publié en 1823 et qui est encore d'actualité aujourd'hui. L'appartenance à cette mouvance politique se reconnaît à la couleur violette - chez Éric Zémour notamment, dont les cravates sont dans ce ton. Par contre, l'exposition évoque bien évidemment la dernière défaite de l'Empereur et son crépuscule politique, notamment au travers du tableau de Delaroche montrant un Napoléon abattu au sens figuré lors de son abdication à Fontainebleau le 31 mars 1814. Est également exposé un de ses célèbres bicornes portés à l'inverse des généraux non pas vers l'avant, mais de côté (ce qui fait partie de l'image développée par Bonaparte), de sa légion l'honneur (qu'il créa et s'attribua) entre autres décorations récupérées sur le champ de bataille par les Prussiens, tout comme son encrier (déjà! ). Mais bien sûr, avant sa mort le 5 mai 1821, l'expo se focalise aussi sur son quotidien à Sainte-Hélène, au travers de sa baignoire (une heure et demie de bain par jour! ), les ouvrages sa bibliothèque, une lettre qu'il tente d'écrire en anglais, son verre en cristal de baccarat ou ses bas marqués d'un N. On le voit, tout cela est illustratif et participe presque des exvotos: heureusement, l'ouvrage de Chateaubriand, royaliste détestant napoléon, ou les caricatures viennent un peut tempéré la légende dorée (ils font partie de la légende noire), laquelle montre outre les ouvrages de divers aides de camps et bien sûr le Las Cases en édition originale, une reproduction de La mort de napoléon, christique presque, dans un linceul, pleuré par ses derniers apôtres dont l'un deux (qui travaille aux cuisines) est même à genoux! Une impression christique en effet se dégage du personnage dont on a l'impression de vivre la Passion, dont joue bien volontiers Napoléon, lequel déclara " il manquait à ma panoplie cette couronne d'épines", ou encore " Sainte-Hélène me dépouille de ma peau tyran". À défaut d'être Terre promise, l'île ne pouvait être que sainte, qui voit après la mort de Saint-Napoléon (voir le livre ci-contre: né un 15 août, la Saint-Napoléon remplacera l'assomption durant son règne), la propagation de reliques qu'illustre le propos (une touffe de cheveux, un morceau de cercueil...) quant ce n'est pas une scène de résurrection lorsque les cendres de Bonaparte reviennent en France (un mercredi? ) aux invalides en 1840: une aquatinte de Honore Vernet montre l'empereur sortir littéralement de son cercueil en disant " je désire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine au milieu de ce peuple français que j'ai tant aimé", avant d'être mis au tombeau vingt au plus tard par la grâce de son neveu Napoléon III, surnommé le petit par Victor Hugo. Lequel descendant devient par miracle à nouveau empereur, auquel on peut ajouter le titre de tyran. Effectivement, cette exposition, truffée de pièces uniques -dessin de Napoléon par son valet de chambre à Longwood, cane en dent de narval fabriqué par des coolies chinois (plus d'esclavage dans l'Empire britannique contrairement à celui de Napoléon) - est de l'ordre du reliquaire et de l'ex-voto à l'ex-empereur. Dommage tout de même d'en rester aux objets liturgiques (la moitié sont bizarrement issus de collections privées belges) et images souvent pieuses: aux simples "apparitions", on aurait voulu voir s'y adjoindre un commentaire autre que biblique, expliquant notamment qu'au moment où la dépouille de Bonaparte entre aux invalides, beaucoup de Français présents et à venir entrent en... religion.