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Survivant de l'Holocauste, Joseph Weismann a 11 ans lorsqu'il s'échappe du camp de transit de Beaune-la-Rolande en compagnie de Jo Koganovitch, échappant par la même occasion au destin funeste des ses congénères, tous des enfants séparés de leurs parents après la rafle du "Vel' d'Hiv" par la police française, et qui connaîtront le même sort tragique que leurs parents dans le camp de la mort polonais. D'un style évidemment réaliste, la bande dessinée qui fait suite au film "La rafle" de 2010 et au livre éponyme de Joseph Weismann, s'attache, au fil d'ellipses temporelles, au destin de ces deux jeunes garçons qui, une fois enfuis du camp, sont menacés par la "collaboration" et l'antisémitisme d'une partie de la population française, et aidés par la complicité, faite de petits gestes qui sauvent, d'une autre, qui compensent quelque peu les forfaitures de la majorité silencieuse, indifférente et apeurée, et souvent raciste. Les images réalistes et tragiques de Laurent Bidot rendent plus bouleversant encore le témoignage de Joseph Weismann, nonagénaire qui continue de témoigner et qui, au travers de cette bande dessinée, trouve là une autre manière de perpétuer cet indicible souvenir.