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"Noyade" plonge le lecteur directement dans la peau du petit garçon qui, distrait et attiré par le vol d'une libellule, disparaît dans l'onde de la piscine d'une riche famille de la côte Est. Pas de mystère donc, mais des secrets que les membres adultes de ce clan familial dissimulent sous une carapace extérieure érigée au fil de l'existence. Noyade, c'est donc celle de chacun d'eux, plongeant dans ses souvenirs d'enfance, lesquels remontent à la surface autour du fantôme d'un père autoritaire, lointain, charismatique, car souvent absent, d'une mère présente et toujours vivante en apparence, et de la figure d'un oncle qui paraissait sympathique et beaucoup moins... distant. Deuxième roman de la Suissesse Céline Spierer, qui a suivi des études de cinéma, ce récit possède la précision d'un montage cinématographique, fonctionnant par ellipses entre l'instant tragique, les heures et minutes qui ont précédé le moment du drame de ce repas familial, remontant le cours de l'existence de chacun des protagonistes qui se remémore les moments dramatiques enfouis au fond de ses propres profondeurs, avec lesquels il a appris à surnager. Car ce roman au style forcément imagé, fluide plutôt que liquide, se rapproche davantage de "La terrasse" d'Ettore Scola que de "La piscine" de Jacques Deray, adoptant successivement le point de vue, les pensées de chaque personnage, chacun porteur d'un secret... de famille. Personne pourtant pour se jeter à l'eau...