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Comédien passé à côté de sa carrière, Alain semble également être déjà passé à côté de sa vie. Vivant d'expédients et de purée jambon, il regarde le film de l'existence en spectateur depuis sa fenêtre, un très long métrage, ennuyeux et interminable. Seule péripétie dans ce plan-séquence d'une semaine pour celui dont le titre de bravoure est d'avoir joué un cadavre dans une série sur TF1, la visite que le dimanche le quarantenaire effectue au home les Magnolias auprès de sa grand-mère, quasi aveugle, presque sourde et qui s'enfonce doucement dans la démence. Et lorsqu'un jour, en lui tenant la main, cette dernière lui demande de l'aider à mourir, le vieux jeune homme célibataire décide de venir la voir tous les jours. Peu à peu, au travers de l'entourage, familial notamment, et du passé recomposé de son aïeule, apparaît une autre image que celle de la mamie à bisous et à gâteaux... Roman sur la vieillesse, le temps, l'abandon, mais aussi sur l'amitié, l'amour et l'espérance, même ténue, le troisième livre de Florent Oiseau est un récit où la mort peut rôder, mais pas plus que la vie. Dit comme cela, le propos parait pesant. Or, le style du romancier - qui fait du Houellebecq certes en moins philosophique, quoique, mais en moins atonal surtout -, est zébré de saillies drolatiques, et révèle un sens de l'imagé comique et triste à la fois. Bref, rien d'oiseux chez Oiseau