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Au rez-de-chaussée des Cliniques universitaires, cinq chambres d'hospitalisation de jour, quatre salles de don de sperme, deux salles d'opératoires et une salle blanche consacrées à la FIV et à l'andrologie. Une banque de tissus qui se déploient sur une surface de 1.200 m2 permet de réaliser 4.000 actes chaque année, depuis les ponctions d'ovocytes, en passant par les inséminations intra-utérines, les transferts d'embryons et les prélèvements testiculaires ou épididymaires. Tel était le voeu de l'équipe pluridisciplinaire : pouvoir concentrer en un endroit toute l'infrastructure nécessaire à la PMA.Cette unité propose plusieurs protocoles pour préserver la fertilité des patients. Ces techniques sont bien connues chez l'adulte mais, aujourd'hui, elles visent aussi les enfants avant la puberté (cryopréservation de tissu ovarien ou testiculaire). On en parle très peu mais on peut aussi préserver la fertilité des garçons prépubères", apprend le Pr Christine Wyns, chef du service de gynécologie et andrologie. " Des cellules souches testiculaires sont prélevées et congelées, ensuite soit on les fait mûrir in vitro, soit, comme pour l'ovaire, on retransplante ce tissu s'il n'est pas contaminé par des cellules cancéreuses." Saint-Luc a créé la première banque de tissu testiculaire immature, c'est un centre pilote pour ce type de préservation." Actuellement, il n'y a pas encore de techniques pour utiliser le tissu testiculaire prépubère humain, mais les recherches effectuées chez l'animal sont encourageantes ", estime la gynécologue. À Saint-Luc, plusieurs pistes de recherche sont menées : développement de techniques de transplantation des tissus et de techniques pour rendre mature le tissu in vitro afin d'obtenir des spermatozoïdes à partir des cellules souches ; création d'un testicule artificiel et réincorporation des cellules souches prélevées dans le tissu testiculaire prépubère." Le 'social freezing' ou 'age banking' est autre volet de préservation de la fertilité, très actuel. Au cours du temps, le nombre de follicules diminue et, en parallèle, la proportion d'ovules de mauvaise qualité augmente : cette perte de fertilité commence dès l'âge de 30 ans. Il est important que le public en soit averti. Aucun traitement de reproduction ne va récupérer les effets négatifs de l'âge, d'où cette idée de préserver les ovocytes avant que cette qualité diminue. "Saint-Luc participe également à une recherche multicentrique, initiée par l'UCLouvain et le CHU UCL Namur, en collaboration avec l'université de Genève, afin de mesurer l'impact réel de la PMA sur la vie conjugale et sexuelle des patients. Avant et pendant leur prise en charge, 250 femmes et 250 hommes sont invités à répondre à des questionnaires sur la satisfaction conjugale, le fonctionnement sexuel, la détresse sexuelle et les compétences émotionnelles. L'étude évaluera aussi la prévalence des dysfonctions sexuelles avant la PMA." Cette recherche a trois objectifs ", explique le Dr Nathalie Michaux, gynécologue et sexologue au CHU UCL Namur : " Sensibiliser les prestataires de soins en PMA à une meilleure intégration de la santé sexuelle de leurs patients dans leur prise en charge ; sensibiliser les autorités sur l'importance d'intégrer un sexologue dans les centre de PMA ; et identifier un profil de patients plus à risque de souffrir de troubles conjugaux ou sexologiques. "La prise en charge est également orientée vers le bien-être, c'est pourquoi l'équipe médicale et soignante est formée à la communication thérapeutique, à l'hypnose ainsi qu'à des protocoles de recherche utilisant la réalité virtuelle pour détendre les patientes." Pourquoi accordons-nous autant d'importance au bien-être de nos patients ? Normalement, tout médecin doit avoir en lui cette préoccupation, mais ce n'est pas toujours le cas ", précise le Pr Céline Pirard (Saint-Luc). Par ailleurs, l'infertilité est génératrice de stress. Selon la littérature, les personnes qui ont un désir de grossesse et qui consultent, ont un niveau de dépression à peu près équivalent à celui d'une patiente traitée pour un cancer. Dès lors, comment pouvons-nous améliorer leur bien-être ? La première chose est de recentrer le couple à l'intérieur de son projet".La nouvelle unité met un accent particulier sur la communication thérapeutique : " Utiliser des termes à connotation positive, comprendre le vécu de nos patientes, utiliser leur langage... La représentation du soin sera alors plus positive. "L'hypnose thérapeutique fait également partie intégrante de l'unité et la plupart des infirmières, des anesthésistes et des médecins l'utilisent chez celles qui le souhaitent. Elle permet de diminuer la dose de médicament anesthésiant et de déposer dans l'inconscient des patientes les suggestions post-hypnotiques qui prolongeront l'effet de bien-être. " La littérature n'a pas encore démontré une corrélation directe entre l'utilisation de l'hypnose et l'augmentation des grossesses, mais elle joue un rôle considérable pour le confort et le bien-être des patientes durant les traitements. "Enfin, le service teste un protocole de réalité virtuelle dans le but d'augmenter les taux de grossesse. Les patientes portent un casque de RV 20 minutes avant de rentrer en salle de ponction, ce qui permet de les isoler dans un environnement positif. Une étude analyse les taux de grossesse de 600 patientes ayant bénéficié de cette technique, les résultats relatifs aux 100 premières indiquent un ressenti très positif juste après le protocole et après avoir quitté l'unité.