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Viridiana Grillo, cheffe du département diététique à la Haute école Léonard de Vinci, débute sa présentation en insistant sur l'équilibre alimentaire: "Il n'y a pas de bon aliment, pas de mauvais aliment. Ce qui est important est de trouver son équilibre". L'équilibre alimentaire repose sur trois piliers: l'aspect quantitatif - "il peut arriver que certains patients en quête de perte de poids ne mangent pas assez" - l'aspect qualitatif et l'ultra-transformation des aliments "qui amène de nombreuses pathologies". Les diététiciennes nutritionnistes se basent sur les recommandations alimentaires du Conseil supérieur de la santé (2019), elles-mêmes basées sur les Food Base Dietery Guidelines développées par les Nations unies. "C'est sur cette base qu'a été créé l'épi alimentaire (voir image)", explique Viridiana Grillo. "L'épi alimentaire aborde les cinq priorités qui sont la base de l'équilibre alimentaire et qui constituent une priorité pour la prévention.""Il s'agit d'un chouette outil d'éducation alimentaire", ajoute Stéphanie Tylleman, fondatrice des centres (para)médicaux Dietconsult, qui a déjà présenté l'outil lors du symposium 2024 de Resumes dédié à l'obésité. L'experte rappelle d'abord les aliments qui font partie des légumineuses: "Il s'agit des lentilles, des pois chiches, des haricots blancs, des haricotes rouges, mais aussi du tofu. Les légumineuses contiennent essentiellement des protéines, des glucides complexes, des fibres, des vitamines B, du fer et du zinc. Cela bénéficie principalement au bon fonctionnement du microbiote intestinal, avec un effet évident sur la régulation du transit. Cela bénéficie également à la prévention du risque de développer des maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 et le développement de certains cancers." La diététicienne nutritionniste recommande d'en manger l'équivalent d'un point fermé en termes de quantité journalière. Une recommandation loin d'être atteinte en Belgique. "19,5% de la population seulement consomment des légumineuses alors le que le Conseil supérieur de la santé préconise une consommation d'au moins une fois par semaine à la place de la viande. D'autant plus que c'est une source de protéines à la fois durable et à faible coût, contrairement à la viande et au poisson."Stéphanie Tylleman s'est ensuite attelée à comprendre pourquoi, en Belgique, on consomme relativement peu ce type d'aliments, pourtant intéressants au niveau santé. "Il y a diverses raisons: le temps de préparation perçu comme trop long, des difficultés digestives chez certains patients sensibles à la présence de galacto-oligosaccharides, des sucres fermentescibles au niveau du côlon. Il y a également la méconnaissance de recettes. Culturellement, chez nous, on ne sait pas forcément cuisiner les légumineuses. Ce qui fait qu'on n'est pas souvent habitué au goût et à la texture des aliments."Comment intégrer les légumineuses dans l'alimentation? "Dans les salades et les bowls qui sont assez tendance, mais aussi dans les soupes, les veloutés, dans les plats mijotés et les hachés", répond Stéphanie Tylleman. "Une astuce est d'inclure 50% de légumineuses - des lentilles par exemple - à la place de la viande dans une sauce bolognaise ou dans un hachis parmentier. Le houmous fonctionne aussi très bien pour se mettre aux légumineuses."Contrairement aux légumineuses, il n'y ici pas trop de résistance à en manger auprès des patients. Mais il y a une méconnaissance des recommandations. "Il est recommandé d'en manger 25 g/jour, soit l'équivalent du creux d'une main par jour. Or, la consommation moyenne de fruits à coque et de graines est de 3 g/jour en Belgique", situe Stéphanie Tylleman. 16% de la population belge déclarent ne jamais manger de fruits à coque et 52,1% ne mangent jamais de graines, rappelle en outre le CSS dans son rapport de 2019. "Souvent, on n'en consomme pas, ou alors beaucoup trop.""Au niveau du profil nutritionnel, il faut se rappeler que ce sont des matières grasses, des acides gras insaturés. Ils sont donc caloriques et il est important de respecter le dosage, au risque de prendre du poids. C'est d'ailleurs une excellente manière d'apporter des calories saines aux patients en demande de prendre du poids."Côté santé, la consommation de graines et de fruits à coque est principalement bonne pour la santé cardiovasculaire. "Cela est également bénéfique pour réguler la glycémie, soutenir le système immunitaire et réduire le risque de certains cancers", ajoute la diététicienne nutritionniste. Comment les consommer? "Il faut privilégier les fruits à coque non enrobés, non sucrés, non salés. Ils s'intègrent facilement dans l'alimentation (mélanges de céréales, muesli, salades, mais aussi purées à tartiner)", conseille Stéphanie Tylleman. Viridiana Grillo s'appuie sur une mini-revue parue en 2021 dans Hépato-gastro et oncologie digestive [1] pour aborder la nutrition et la prévention primaire du cancer colorectal. Une autre manière d'aborder les trois pointes restantes du fameux épi alimentaire qui guide la présentation des deux femmes. "Les points importants de la prévention sont la diminution d'alcool, de viande rouge (max 500 g/semaine) et de charcuterie (max 150 g/semaine). Il faut aussi augmenter la consommation de fibres alimentaires et la revue souligne l'effet protecteur des produits laitiers."La diététicienne nutritionniste s'intéresse d'abord à la viande rouge. "Il s'agit de toutes les viandes qui ne sont pas des volailles", recontextualise-t-elle. "Les viandes transformées sont toutes les charcuteries." Le CSS recommande de consommer maximum 300 g/semaine de viande rouge et 30 g/semaine de viandes transformées. "Si l'on consomme 100 g/jour de viande rouge, le risque de développer un cancer colorectal augmente de 12%. Il augmente de 16% si l'on consomme 50 g/jour de viandes transformées ou de charcuterie."Viridianna Grillo aborde ensuite les fibres par le biais des produits céréaliers complets et des fruits et légumes. "Le CSS recommande la consommation de 30 g de fibres par jour. Mais il n'est pas toujours facile de savoir où les trouver. On y est à peine dans 125 g de produits céréaliers complets, la première priorité au niveau de l'épi alimentaire. On en trouve aussi dans les fruits et légumes. On entend souvent 'cinq fruits et légumes par jour', mais en réalité, on conseille de manger 250 g de fruits par jour - soit deux fruits de la taille d'une pomme - et 300 g de légumes, soit un potage à midi et une portion de légumes le soir par exemple." En consommer suffisamment diminue le risque de développer des cancers, dont le cancer colorectal. La diététicienne nutritionniste termine sa présentation par les produits laitiers. "On entend souvent en consultation que le lait, ce n'est pas pour les adultes, ou que ce n'est pas bon pour les enfants. En réalité, ce n'est pas si mauvais que ça. Il y a des vitamines, des protéines et un effet protecteur, notamment sur le risque de développer un cancer colorectal puisqu'un verre de lait par jour diminue le risque de développer la maladie de 13%. Ne bannissez donc pas les produits laitiers de votre vie."