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À côté de l'autre musée Magritte, celui de Jette, sis dans la maison ou Georgette et René vécurent près de vingt-cinq ans, dans une maison en enfilade à peine plus cossue accolée à l'habitation du peintre et son épouse, s'est ouvert au début du mois de novembre dernier un autre musée belge... d'art abstrait. Rien d'étonnant à cela, puisque son initiateur et créateur est le même que celui consacré au génial surréaliste : André Garitte qui, parallèlement à son intérêt pour le surréalisme, a constitué une collection, riche de plus de 700 pièces, peintures, encres, gouaches, dessins, sculptures et documents, dont près de 220 sont désormais accrochés sur trois étages de pièces en enfilade, aux teintes un peu trop flashy. Le premier et le troisième se consacrent à l'abstraction d'après-guerre, au travers d'un panorama complet, présenté selon les coups de coeur, et non les tendances (lyriques, géométriques et autres...), par le maître... des lieux. Des oeuvres choisies avec un goût très sûr d'Englebert Van Anderlecht ( Le village bleuté), typiques de Delahaut ou Gaston Bertrand, épaisses de Bram Bogaert, fougueuses de Mig Quinet ou van Lint, frisant l'architecturisme chez Dudant et une géométrie plus stricte et plutôt fanée pour une fois, chez Léon Wuidar. Au rez-de-chaussée, un espace temporaire met en exergue l'oeuvre d'un de ces artistes belges : Francine Holley actuellement, laquelle vient de décéder à l'âge de 101 ans. Très jeune, elle trouva son style au sein de l'abstraction, plutôt géométrique. À côté des torsades de Walter Leblanc ou de l'amoureux du compas que fut Félix De Boeck, d'une sculpture et d'une peinture abstraite de Pol Bury, on découvre notamment l'oeuvre épaisse et mouvementée d'un Jan Burssens. A l'étage, consacré aux "anciens", auquel mène dans l'escalier un projet imaginé par Vantongerloo, des oeuvres de ce dernier (les préférés de Geritte, comme celles de ce dernier, ont droit à plusieurs oeuvres parmi les 150 artistes exposés), une oeuvre tardive et moins rigide de Servranckx, non loin d'un grand Flouquet, magnifique, datant de l'entre-deux-guerres. Le Tournaisien Lacasse démontre qu'il a bien connu les époux Delaunay dans ses rondeurs prépops (au même titre que Vantongerloo à côté) et l'on trouve même un étonnant Marthe Donas, abstrait bien sûr et daté de 58, période où la peinture de cette artiste avant-gardiste s'était pourtant diluée dans un figuratif quelconque. Le futurisme est même évoqué avec Schmalzigaug, présent avoir trois petites oeuvres, Delhez et Van Dooren qui, bien que postérieurs de dix ans, se montrant à ses côtés aussi épris de vitesse et de mouvement dans leurs encres. Le musée, qui parvient à mener le visiteur au coeur de l'intimité d'une collection, mais dont l'exiguïté fait que la disposition des oeuvres confine à l'entassement, fait le lien physique avec le surréalisme d'abord par la présence d'un escalier ne menant... nulle part, sauf à une petite "veduta", depuis les toits, de l'Atomium, via une porte ensuite, laquelle permet la transition vers la maison et l'expo consacrée au grand René (lequel a peint quelques toiles abstraites dont l'une exposée au Civa actuellement). A sa droite (de la porte), dans une vitrine, une petite photo de groupe montre Magritte et E.L.T Mesens en joyeuse compagnie de quelques peintres abstraits dont Flouquet et Servranckx, le jour du mariage de René et Georgette (photo que l'on retrouve à l'entame de l'exposition que consacre le Civa à la revue 7 arts et sur laquelle figure également Servranckx et Flouquet). De fameuses têtes de l'art...