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Paris 1917. Alors qu'à quelques dizaines de kilomètres, les corps et les cadavres s'entassent dans le bruit et la fureur, Aimé rend un hommage silencieux à la dépouille de son oncle, Géo Grandin, peintre de talent et génie de faux. L'artiste, ami de Modigliani, Max Jacobs ou Suzanne Valadon, lui a laissé en héritage une liasse de croquis géométriques et une clé aussi belle qu'inquiétante. L'orphelin, qui vit de trafics et d'entourloupes - la plus fameuse étant de s'être fait réformer-, voit sa nouvelle petite amie Mérie, qui oeuvre comme infirmière à l'arrière du front, sujette à un changement soudain et complet de personnalité. Peu à peu, cherchant à démêler le rébus matériel que lui a laissé son tuteur, le jeune homme va découvrir le décès " surnaturel " et les passions cachées de son seul parent, notamment pour l'ésotérisme, et mettra au passage le pied dans la porte de l'Outremonde où rôdent les monstres qui se nourrissent des démons de l'humanité entière, planète maléfique qui tourne à plein régime en ce début de 20e siècle. Et ce n'est qu'un début... Cet univers parallèle auquel ont seuls accès médiums et sorciers va sous peu connaître un nouveau Symposion, sabbat réunissant sorciers, riches mécènes du monde connu et démons suprêmes de cette autre réalité : l'occasion d'un concours de sorcellerie, d'un possible attentat contre le Maître des ténèbres actuel, et du dévoilement d'un tableau au pouvoir stupéfiant, " statufiant même "... Une arme ô combien redoutable, qui plus est en temps de guerre. Récit ensorcelant en effet que celui de Joseph Denize qui hypnotise du début à la fin, ce grimoire de sorcier s'avérant un véritable page-turner de 500 pages ! L'auteur réussit cette gageure vertigineuse que de réunir à la fois références historiques (on y croise le mage Alister Crowley, Georges Méliès ou Gustave Eiffel entre autres..), scientifiques (les débuts de la psychanalyse) et imagination débordante digne des maîtres du fantastique, l'alchimie fonctionnant parfaitement entre le réel et son " au-delà". S'il n'a pas la grâce ni l'élégance d'un Pierre Lemaître pour parler de la Première Guerre, son style, d'un classicisme très tournant de siècle en effet, en dépeint cependant des tableaux saisissants, son écriture évoquant un Arturo Perez-Reverte français ( Le tableau du maître flamand par exemple). Un personnage hante ce récit magistral en permanence, dont l'auteur tire un portrait des plus avenant : le Paris des années 1900, ville dont Joseph Denize semble lui même avoir subi l'envoûtement...