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De retour dans sa ville natale de Bordeaux, "belle bourgeoise endormie", qu'elle a fuit dès son diplôme en poche, l'écrivain Anne-Marie Garat qui visite en compagnie de son cousin le repensé musée d'Aquitaine tombe en arrêt devant un cartel évoquant le passé esclavagiste de la cité, lequel a énormément contribué à sa richesse passée. Une évocation édulcorée, "blanchie", de cette période sombre de l'histoire bordelaise, et par extension, occidentale, dont les horreurs et les massacres sont encore et toujours, malgré une "mise en perspective", évoquées du bout des lèvres... sur lesquelles s'inscrit le mot déni. L' Humeur noire, titre du livre, qui saisit alors l'auteur est l'occasion de se plonger dans l'histoire socio-économique de la ville et celle, ouvrière, du début de sa vie. Dans son style caractéristique, celui de la phrase longue, celle d'un flot de mots porté par la houle - avec sac et ressac -, une mer montée au sens construit, mais démontée par la colère devant l'édulcoration et l'aseptisation de la réalité au sein d'une institution muséale, reflet d'une société enchaînée à son tour par le politiquement correct, ce qui, au départ, n'était qu'une indignation écrite s'est transformé en livre: celui d'une protestation légitime devant le sort réservé par le présent et la représentation du passé aux plus faibles. - Bref, une colère... noire.