Le 1er septembre, Conner Rousseau, président de Vooruit estimait dans les colonnes du Standaard qu'il est "incompréhensible que 30% des médecins généralistes ne soient pas vaccinés en Wallonie". Un chiffre loin de la vérité - 90,51% des médecins généralistes wallons sont pleinement vaccinés. Une intox intervient dans un débat plus large: faut-il obliger les soignants à passer par la case la vaccination?

Un outil permet en tout cas depuis fin août de mieux juger l'utilité de cette obligation puisque Sciensano dévoile désormais les chiffres de la vaccination des soignants par profession. L'institut fédéral se base, pour cette estimation, sur la combinaison des chiffres du registre national de la vaccination contre le Covid-19 (Vaccinnet+) et le Common Base Registry for HealthCare Actor (CoBRHA).

Que disent les chiffres?

La dernière actualisation (30 août) montre que 87,48% des soignants sont vaccinés en Belgique. Cela varie toutefois d'une région à l'autre, puisqu'ils sont 93,4% en Flandre, 80,4% en Wallonie, et seulement 69% à Bruxelles. Les différences hommes/femmes, quant à elles, sont négligeables, tout comme les variations selon les tranches d'âge.

Il faut également noter qu'il y a de grandes disparités entre les professions de soins. Ainsi, la palme revient aux orthopédagogues cliniciens (96,68%). La dernière place est occupée par les assistants en pharmacie (81,44%).

Les médecins sont eux au-delà de 90%, avec 93,53% de taux de vaccination pour les spécialistes et 92,76% pour les généralistes. On notera enfin que les infirmières (89,31%) tout comme les pharmaciens (91,34%) sont également très majoritairement vaccinés.

Néanmoins, pour ces quatre dernières professions qui nous intéressent particulièrement, il y a encore des différences régionales. Les mêmes que l'on retrouve finalement partout. La Flandre a un meilleur taux que la Wallonie, qui elle-même a un meilleur taux que Bruxelles.

Qu'en conclure?

Premier constat: on pourrait penser que plus le niveau d'études est élevé, plus le taux de vaccination est élevé (la différence est de 10% entre les pharmaciens (91%) et les assistants pharmaciens (81%). Mais en regardant de plus près la pyramide des âges, on constate que plus que le niveau d'études, c'est l'âge qui joue un effet levier. Les moins de 44 ans sont en effet moins enclins à se faire vaccinés. Les causes avancées sont connues: plus on est jeune, moins on a de risque, et le désir d'avoir un enfant par exemple.

Deuxième conclusion: les soignants ont atteint l'immunité collective, fixée désormais à 80%, en Flandre et en Wallonie. Ce n'est pas encore le cas dans la Communauté germanophone (73,67%) et à Bruxelles (69%). Par contre, tous les corps de métiers ont atteint le taux de couverture de 80%.

Troisième conclusion, qui découle de la deuxième: l'obligation de vaccination des soignants est difficilement soutenable par profession. Chacun a atteint l'objectif de l'immunité collective. Il paraît également compliqué d'augmenter le taux de vaccination en Flandre, déjà très élevé (93,4%). Par contre, un effort sur la vaccination doit être fait à Bruxelles, très clairement. Et on le constate: il n'est pas question uniquement de la situation socio-économique de Bruxelles qui entre en jeu. Ouvrir la vaccination chez Ikea ou Primark ne sera pas suffisant pour atteindre l'ensemble des professions soignantes. L'obligation est-elle pour autant le meilleur outil?

L'avis des soignants

Pour le Dr Christophe Barbut, président du Collège de médecine générale, l'obligation vaccinale aurait le mérite de clarifier les choses. "Ce n'est pas à nous de nous positionner pour ou contre l'obligation vaccinale car nous n'avons pas le pouvoir de la décréter", explique le médecin généraliste à nos confrères de La Première jeudi dernier. "Néanmoins, elle aurait le mérite de clarifier les choses."

Du côté syndical, l'Absym, y est favorable de longue date (voir l'interview de son président, le Dr Philippe Devos, dans le jdM n°2681). Le GBO préfère quant à lui la promotion de la vaccination contre le Covid-19 plutôt que l'obligation. "Plutôt que de parler immédiatement d'obligation et de sanction (et renforcer ainsi une attitude négative, de victimisation, voire de prétendue d'atteinte à leurs libertés individuelles), ne faudrait-il pas plutôt tabler sur une sensibilisation pédagogique pour amener les récalcitrants à une conscientisation et une adhésion positive au principe? Et ne leur parler qu'ensuite des éventuelles sanctions qui pourraient être mise en place pour sanctionner le refus de cette mesure d'intérêt de santé publique?" Difficile pour Christophe Barbut qui constate qu'il est de plus en plus difficile de convaincre les hésitants. Le plus tôt l'obligation est en place, le mieux donc.

C'est bien entendu Frank Vendenbroucke, qui aura le fin mot de l'histoire. Si l'obligation est d'ores et déjà actée, légiférer la mesure prendra "du temps, peut-être plusieurs mois", rappelait le ministre fédéral de la Santé fin août sur les ondes de DH Radio. Il faudra également savoir qui sera ciblé, et quelle sera la justification. "Je n'imagine pas qu'on ait encore des soignants non-vaccinés qui continuent à avoir des contacts rapprochés avec des patients vulnérables dans quelques mois. Les conséquences en cas de non-respect sont à débattre." Quid alors, des autres professions de contact?

Le 1er septembre, Conner Rousseau, président de Vooruit estimait dans les colonnes du Standaard qu'il est "incompréhensible que 30% des médecins généralistes ne soient pas vaccinés en Wallonie". Un chiffre loin de la vérité - 90,51% des médecins généralistes wallons sont pleinement vaccinés. Une intox intervient dans un débat plus large: faut-il obliger les soignants à passer par la case la vaccination? Un outil permet en tout cas depuis fin août de mieux juger l'utilité de cette obligation puisque Sciensano dévoile désormais les chiffres de la vaccination des soignants par profession. L'institut fédéral se base, pour cette estimation, sur la combinaison des chiffres du registre national de la vaccination contre le Covid-19 (Vaccinnet+) et le Common Base Registry for HealthCare Actor (CoBRHA). La dernière actualisation (30 août) montre que 87,48% des soignants sont vaccinés en Belgique. Cela varie toutefois d'une région à l'autre, puisqu'ils sont 93,4% en Flandre, 80,4% en Wallonie, et seulement 69% à Bruxelles. Les différences hommes/femmes, quant à elles, sont négligeables, tout comme les variations selon les tranches d'âge. Il faut également noter qu'il y a de grandes disparités entre les professions de soins. Ainsi, la palme revient aux orthopédagogues cliniciens (96,68%). La dernière place est occupée par les assistants en pharmacie (81,44%). Les médecins sont eux au-delà de 90%, avec 93,53% de taux de vaccination pour les spécialistes et 92,76% pour les généralistes. On notera enfin que les infirmières (89,31%) tout comme les pharmaciens (91,34%) sont également très majoritairement vaccinés. Néanmoins, pour ces quatre dernières professions qui nous intéressent particulièrement, il y a encore des différences régionales. Les mêmes que l'on retrouve finalement partout. La Flandre a un meilleur taux que la Wallonie, qui elle-même a un meilleur taux que Bruxelles. Premier constat: on pourrait penser que plus le niveau d'études est élevé, plus le taux de vaccination est élevé (la différence est de 10% entre les pharmaciens (91%) et les assistants pharmaciens (81%). Mais en regardant de plus près la pyramide des âges, on constate que plus que le niveau d'études, c'est l'âge qui joue un effet levier. Les moins de 44 ans sont en effet moins enclins à se faire vaccinés. Les causes avancées sont connues: plus on est jeune, moins on a de risque, et le désir d'avoir un enfant par exemple.Deuxième conclusion: les soignants ont atteint l'immunité collective, fixée désormais à 80%, en Flandre et en Wallonie. Ce n'est pas encore le cas dans la Communauté germanophone (73,67%) et à Bruxelles (69%). Par contre, tous les corps de métiers ont atteint le taux de couverture de 80%. Troisième conclusion, qui découle de la deuxième: l'obligation de vaccination des soignants est difficilement soutenable par profession. Chacun a atteint l'objectif de l'immunité collective. Il paraît également compliqué d'augmenter le taux de vaccination en Flandre, déjà très élevé (93,4%). Par contre, un effort sur la vaccination doit être fait à Bruxelles, très clairement. Et on le constate: il n'est pas question uniquement de la situation socio-économique de Bruxelles qui entre en jeu. Ouvrir la vaccination chez Ikea ou Primark ne sera pas suffisant pour atteindre l'ensemble des professions soignantes. L'obligation est-elle pour autant le meilleur outil? Pour le Dr Christophe Barbut, président du Collège de médecine générale, l'obligation vaccinale aurait le mérite de clarifier les choses. "Ce n'est pas à nous de nous positionner pour ou contre l'obligation vaccinale car nous n'avons pas le pouvoir de la décréter", explique le médecin généraliste à nos confrères de La Première jeudi dernier. "Néanmoins, elle aurait le mérite de clarifier les choses."Du côté syndical, l'Absym, y est favorable de longue date (voir l'interview de son président, le Dr Philippe Devos, dans le jdM n°2681). Le GBO préfère quant à lui la promotion de la vaccination contre le Covid-19 plutôt que l'obligation. "Plutôt que de parler immédiatement d'obligation et de sanction (et renforcer ainsi une attitude négative, de victimisation, voire de prétendue d'atteinte à leurs libertés individuelles), ne faudrait-il pas plutôt tabler sur une sensibilisation pédagogique pour amener les récalcitrants à une conscientisation et une adhésion positive au principe? Et ne leur parler qu'ensuite des éventuelles sanctions qui pourraient être mise en place pour sanctionner le refus de cette mesure d'intérêt de santé publique?" Difficile pour Christophe Barbut qui constate qu'il est de plus en plus difficile de convaincre les hésitants. Le plus tôt l'obligation est en place, le mieux donc. C'est bien entendu Frank Vendenbroucke, qui aura le fin mot de l'histoire. Si l'obligation est d'ores et déjà actée, légiférer la mesure prendra "du temps, peut-être plusieurs mois", rappelait le ministre fédéral de la Santé fin août sur les ondes de DH Radio. Il faudra également savoir qui sera ciblé, et quelle sera la justification. "Je n'imagine pas qu'on ait encore des soignants non-vaccinés qui continuent à avoir des contacts rapprochés avec des patients vulnérables dans quelques mois. Les conséquences en cas de non-respect sont à débattre." Quid alors, des autres professions de contact?