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"L a volonté est de réduire les complications de grossesse ", précise Julien Penders, co-fondateur et chief operating officer de Bloomlife, avant de donner quelques éléments de contexte." Les naissances prématurées sont une des complications prénatales majeures. 15 millions de bébés naissent prématurément chaque année dans le monde. Ce qui en fait la première cause de mortalité infantile chez les enfants en dessous de cinq ans. "Autre problème soulevé : chaque prématuré va emmener dans ses bagages des complications de santé qu'il traînera toute sa vie. " Cela impacte de manière conséquente les soins de santé ", analyse placidement le scientifique liégeois spécialisé dans le secteur du biomédical. " Si on regarde le coût d'une naissance prématurée, il est dix fois plus élevée qu'une naissance à terme. "L'essence du problème réside dans le fait que 85% des naissances prématurées ne sont pas anticipées. Pourquoi ? La technologie utilisée pour le monitoring de la grossesse, comme le cardiotocographe, date des années 70. " Cette technologie, introduite il y a plus de 45 ans, n'a pas du tout évolué. Cette technologie est fiable, mais elle est limitée à l'hôpital. L'aperçu de la santé de la maman et du bébé est donc très échantillonné. Entre les visites à l'hôpital, aucune information n'est disponible pour le médecin. " Ce dernier doit donc se baser sur un set de données très limité qui ne lui permet pas de faire de la prévention.La start-up liégeoise a bien compris l'enjeu. Elle propose aujourd'hui un medical device connecté qui, combiné à l'intelligence artificielle, permet de développer une plateforme de monitoring et de management prénatal qui permet de réduire l'incidence des complications de grossesse, en commençant par les naissances prématurées.Concrètement, les données sont récoltées à l'aide d'un capteur. " Ce capteur est composé d'un petit boitier électronique, qui a une autonomie d'une semaine et qui est réutilisable, ainsi que d'un patch jetable, également utilisable une semaine. " Placé sur le ventre de la mère, le patch analyse une série de paramètres de santé à la fois pour le bébé et pour la maman.Avec l'accord des mères, ces données sont récoltées, analysées par Bloomlife qui en retire des informations médicales pertinentes. Une fois ces informations obtenues, elles sont disponibles pour aider le corps médical à mieux prendre en charge les complications de grossesse.Le produit a été lancé en fin 2017 sur le marché américain. Deux raisons pour cela : la taille du marché et l'accessibilité aux consommateurs. " La notion de consommation des soins de santé est très différente par rapport à la Belgique et à l'Europe. " La future mère qui le désire se rend sur le site de Bloomlife et peut louer un appareil pour 20 dollars par semaine, sans engagement. " Le feedback des clientes montre qu'il y a un besoin et que l'impact sur leur grossesse a été positif ", note Julien Penders.Cette approche a permis à la firme de constituer le plus grand set de données existant sur la santé maternelle et prénatale, selon le co-fondateur de la start-up. " 10.000 mamans nous ont permis d'accumuler ces données, ce qui correspond à plus de 250.000 heures d'enregistrement. "Ces données ont été analysées pour se concentrer sur les naissances prématurées. " La question était de savoir si l'on pouvait anticiper le travail. Si l'on pouvait détecter les signes précurseurs du travail prématuré pour informer tant le médecin que la maman. Nous avons finalement trouvé un marqueur digital qui nous permet de détecter le travail. "La technologie a évidemment dû faire ses preuves. Une étude clinique a été réalisée à Genk et à Liège pour valider ce marqueur digital. " Nous avons réussi à montrer que le marqueur permet d'identifier le travail avec la même précision que la technologie utilisée à l'hôpital. Avec l'avantage que cela peut se faire de la maison. "La crainte éternelle du médecin : être remplacé par la technologie. Ici, point de crainte puisque le dispositif ne propose pas de diagnostic. " C'est un outil de screening, le diagnostic du travail reste du ressort du médecin ", confirme le Liégeois. " Le but est d'inciter la maman à aller voir le médecin. Ce dernier doit confirmer ou infirmer ce que la technologie avance. "Une autre crainte, légitime, de voir la technologie pousser à une surconsommation des soins est balayée par Julien Penders. " L'avantage pour les parents est que cela permet d'aller à l'hôpital au bon moment. C'est-à-dire y aller à temps, et éviter d'y aller si ce n'est pas nécessaire, en cas de faux-travail par exemple. "Pour les médecins, l'avantage est autre. " Il existe des traitements pour ralentir le travail et accélérer la croissance du foetus. Mais ils ont besoin d'une fenêtre temporelle suffisante pour pouvoir être administrés. En détectant les signes précurseurs à temps, cela permet d'élargir cette fenêtre temporelle. "L'avenir de Bloomlife passe par la certification de l'outil pour la détection du travail. " Ce n'est plus un dispositif de confort mais bien un outil de screening. On travaille actuellement sur le marquage CE et la certification FDA. " Une certification attendue pour le milieu de l'année prochaine, avant une mise sur le marché européen.