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Le Covid-19 a déclenché la plus intense campagne de recherche scientifique de l'histoire pour trouver non seulement un vaccin, mais aussi des médicaments curatifs ou préventifs. Y compris en testant de "vieux" médicaments. Et cela n'est pas qu'une vue de l'esprit, cela donne des résultats. Depuis vendredi soir, la Belgique a décidé d'utiliser l'hydroxychloroquine (HCQ) chez tous les patients hospitalisés avec une maladie sévère, mais aussi chez ceux chez qui la maladie reste légère à modérée, mais qui appartiennent à une catégorie à risque, comme une maladie pulmonaire, une atteinte rénale ou un diabète nécessitant une hospitalisation. Après deux doses d'attaque de 400 mg, on en donne 200 mg pendant cinq jours. Cette découverte provient de Chine, où des milliers de malades ont été traités.Est-ce le remède miracle? Non. Comme tout médicament ou traitement, celui-ci comporte évidemment des risques et des effets secondaires. Mais aujourd'hui, ils sont très largement compensés par tous ses avantages.Le premier, c'est d'être une molécule utilisée depuis très longtemps pour soigner d'autres affections, en l'occurrence le lupus et l'arthrite rhumatoïde. Des millions de patients l'ont donc déjà utilisé dans le monde depuis 40ans.Le deuxième, c'est d'être peu cher et disponible de suite, même si on ne sait pas actuellement si les producteurs pourront assurer une continuité des fournitures si la demande explose.Le troisième, c'est d'afficher peu de contre-indications, contrairement aux antiviraux plus " modernes" qui sont actuellement testés contre le Covid-19. Le médicament peut par exemple être administré aux femmes enceintes.Le quatrième, c'est que, si la HCQ est efficace, c'est sans doute dès un traitement de cinq jours, limité dans le temps et donc peu coûteux.Le cinquième, c'est la possibilité d'avoir un effet prophylactique. C'est le cas en culture cellulaire, mais il faut le confirmer par des essais cliniques. Si c'est vérifié, on pourrait donc donner la HCQ aux patients appartenant aux groupes à risque et suspectés d'avoir contracté le virus, sans attendre une confirmation du test.Ces avantages ont emporté la décision d'une task-force réunie au sein de Sciensano. Qui recommande donc l'utilisation hospitalière de l'hydroxychloroquine pour les stades léger, moyen et sévère de la maladie. Cette task-force est composée de trois personnes, un représentant de l'UZ Anvers et de l'hôpital universitaire St-Pierre, les deux hôpitaux de référence pour les virus respiratoires émergeants, ainsi que d'un médecin de l'Institut des maladies tropicales d'Anvers.Les trois experts se sont basés sur les protocoles élaborés dans les deux hôpitaux précités en charge des premiers malades, mais aussi sur le travail d'analyse de Sciensano et de l'expertise sur les médicaments de l'Agence fédérale de sécurité des médicaments et des produits de santé. Que peut-on en attendre? C'est une recommandation adaptable prise au moment même de l'amplification de l'épidémie en Belgique. " Elle est par nature destinée à être adaptée en permanence. Toute nouvelle étude publiée, même des éléments issus de la littérature dite grise, c'est-à-dire des avis d'experts non encore soutenus par des études complètement publiées, peuvent aider notre compréhension de la meilleure manière de soigner ce virus. Mais cette recommandation constitue ce qui est le plus robuste actuellement", explique le docteur Nicolas Dauby, de l'hôpital universitaire St-Pierre (ULB) et un des trois auteurs de ces recommandations.Une recherche du professeur Yao X publiée le 10 mars indique en effet que l'hydroxychloroquine est trois fois plus efficace in vitro que la chloroquine, une molécule apparentée déjà largement étudiée dans les affections virales, dont celles à coronavirus. Bref, elle pourrait potentiellement raccourcir la durée de la prise en charge, du séjour à l'hôpital et diminuer la morbidité et la mortalité. Dans quelle mesure? On ne le sait pas précisément.