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Depuis le 1er juillet 2018, le magistrat doit imposer l'éthylotest antidémarrage aux contrevenants dont le taux d'alcoolémie égale ou dépasse 1,8 ?. Le juge peut déroger à cette obligation à condition de motiver sa décision explicitement. Même sentence pour les récidivistes qui sont attrapés pour la deuxième fois en trois ans avec 1,2? ou plus. En cas d'infraction à partir de 0,8 ?, de conduite en état d'ivresse et de récidive pour des taux d'alcoolémie plus bas, le juge peut décider de la pose d'un éthylotest antidémarrage de sa propre initiative. Aujourd'hui, quelque 1.200 conducteurs belges roulent à bord d'un véhicule équipé d'un tel dispositif. Selon une étude du Vias institute[1] auprès de 700 utilisateurs de l'éthylotest antidémarrage, cet outil a eu l'effet escompté chez la majorité des conducteurs condamnés. La plupart des contrevenants changent leur comportement dès qu'ils prennent la route avec ce dispositif. Seuls 2% des tests restent positifs. En outre, sur environ 75% des cas positifs lors du contrôle de police, aucune infraction n'a été constatée, dans le sens où la limite de l'éthylotest antidémarrage se situe à 0,2?, alors que la limite légale pour les conducteurs non professionnels est fixée à 0,5?. D'autres candidats n'ont le déclic que plus tard, constate le Vias institute. Ainsi, certains ne cachent pas leur étonnement de toujours être positifs au lendemain d'une soirée arrosée. Un encadrement psychologique permet de travailler sur un vrai changement de comportement. Les tentatives de fraude à l'éthylotest antidémarrage sont très rares, comme le montre aussi l'étude. Seule une personne sur 2.500 a tenté de frauder. Il s'agit surtout de conducteurs qui ont réussi à démarrer leur véhicule, mais qui se sont révélés positifs au deuxième souffle (au plus tard 20 minutes après le départ). Le Vias institute suppose que le ou la fraudeuse a fait souffler une autre personne plus sobre pour démarrer la voiture. La moitié de ces tentatives de fraude sont perpétrées par à peine 2% des conducteurs ; des jeunes âgés de 18 à 24 ans pour la plupart. De tels écarts sont rapidement détectés et doivent être discutés avec les psychologues. L'éthylotest antidémarrage constitue surtout une histoire flamande: 84% des personnes condamnées habitent en Flandre. Selon le Vias institute, en Wallonie, les juges sont souvent d'avis qu'une infraction unique, même très lourde, peut être due à un "égarement passager", sans risque de récidive. Les juges se montrent par ailleurs aussi critiques vis-à-vis de l'obligation de poser l'éthylotest antidémarrage dans certains cas, car ils ou elles ne peuvent dans ce cas pas tenir compte du contexte de l'infraction, du sentiment de culpabilité éventuel de l'intéressé(e) et du risque de récidive. Le prix élevé d'un tel dispositif et de l'accompagnement refroidit également certains juges. Un éthylotest antidémarrage coûte en effet entre 3.500 et 4.000 euros pour un an (achat et pose de l'appareil, chargement des données, programme d'encadrement par des psychologues). Ce prix devrait diminuer à l'avenir, puisque tous les nouveaux véhicules circulant en Europe devront à l'avenir être équipés d'une interface standard pouvant accueillir l'éthylotest antidémarrage, et du fait également de la fin du monopole du seul fournisseur belge actuel. Le Vias institute plaide pour une mise en place plus rapide de l'éthylotest antidémarrage au lendemain d'une infraction. La lenteur de la justice induit souvent un délai de six mois ou plus avant qu'un tel dispositif ne puisse être posé. De quoi donner largement le temps aux contrevenants de rouler sans limites. Les psychologues devraient par ailleurs pouvoir décider du degré de nécessité du suivi psy, termine le Vias.