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On comprend qu'Édouard Baer ait voulu coucher les paroles de son spectacle dans un livre, afin d'acquérir au passage le statut d'auteur. Une fierté légitime chez celui qui dans Les élucubrations d'un homme soudain frappé par la grâce convoque les fantômes et les écrits de Thomas Bernard, Romain Gary, Albert Camus, Boris Vian, Charles Bukowski... ou Jean Rochefort. Problème, c'est que son comique du "déglinguage" est surtout basé sur le rythme et la scansion du texte qu'il dit (comme à l'époque du centre de visionnage lors de ces débuts à Canal +). Ici, même si c'est parfois touchant, l'on rit peu, l'on sourit quand même, ou plutôt on le voit lui, donc on sourit. On se marre tout de même à l'évocation de Napoléon, haranguant ces imposantes troupes de 800.000 soldats. Et on s'ébahit de certaines fulgurances de l'amuseur: "il y a des gens qui ont toujours cette sensation que ça n'a pas encore commencé, qu'ils sont en préparation ; leur vie est à venir..."Mais, malgré les beaux dessins de Stéphane Manel, l'on songe à un Labiche ou un Feydeau: à lire, c'est plat... car tout est dans le rythme et le phrasé, comme dans le cas d'Édouard Baer. D'ailleurs, le second auteur du 19e a signé une pièce intitulée... l'affaire Édouard!