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Ce récit 1 s'inscrit dans la tradition des contes universels, ceux de Perrault, d'Andersen, des Frères Grimm. Le Sras-COV-2 y est en effet expliqué dans le langage à la fois tragique et tendre des histoires que les parents racontent le soir à leurs très jeunes enfants pour les bercer. La pandémie du Sras-CoV-2 constituera aux yeux de l'Histoire l'un des événements marquants du 21e siècle. Non content de bousculer la vie quotidienne de tout un chacun, non content de rappeler à l'Humanité que les progrès scientifico-technologiques fulgurants des cent dernières années ne la mettent pas à l'abri des grandes épidémies que l'on croyait à jamais révolues, le SARS-CoV-2 aura bousculé les économies nationales et supranationales à un degré tel qu'il suscitera sans nul doute un nouvel ordre géopolitique2. Qu'en pensent les enfants, les plus petits d'abord, ceux-là même qui commencent à accéder de manière encore inchoative à une perception du monde qui les entoure ? " A quoi ressemble le COVID-19 ? ", demanda Sara à sa maman. Comment expliquer à cette petite fille l'histoire de cet étrange virus (mais Sara n'a jamais entendu ce terme et n'en connaît pas la signification), en des mots qui l'aident à comprendre cette pandémie dévastatrice ? Au fond Sara a raison de s'interroger. Peut-être perçoit-elle obscurément que pour elle, et ce durant toute sa vie, les choses ne seront plus jamais comme pour ses parents. " Le COVID-19, ou coronavirus, est si petit qu'on ne peut pas le voir ", lui répondit sa maman. Celle-ci tente de trouver les mots. Mais Sara ne parvient pas à trouver le sommeil. " Le monde a l'air tout chamboulé. ", songe-t-elle. Sara avait très bien perçu l'angoisse de son entourage. Les enfants ne sont-ils pas comme des éponges ? Mais voici qu'un violent coup de vent envahit sa chambre, voire qu'apparaît le dragon le dragon Orion qui, tel le jars du merveilleux voyage de Niels Holdersson3, la prend sur son aile pour la guider dans un voyage initiatique. Tout à tour, ils rencontrent Salem, qui leur enseigne la toilette des mains, Sacha, dotée d'un superpouvoir, dont le papa est cloué au lit par le virus, Leila, très pointilleuse sur la distanciation sociale. Sara et Orion apprennent ainsi tous les secrets de cette lutte planétaire. Ils s'acclimatent à ce virus anonyme mais terriblement ravageur. Bien sûr, Sara finit par retrouver sa maman. Avec ses mots d'enfant, elle lui raconte son voyage, sa maman en retour lui dit son espoir, la réconforte. Il n'y a rien de pire que de se sentir livrée à un monde de terreurs sans pouvoir les dire, les partager, les avouer. Le conte a ainsi une fonction de " catharsis ". Il rejoint les terreurs enfantines pour les exorciser. Il touche la panique pour l'apaiser. Il dit l'angoisse pour lui donner un exutoire. Très bien scénarisé et illustré par Helen Patuck, avec des larges dessins privilégiant les couleurs brunes et douces, ce conte attire l'attention sur une réalité méconnue du drame sanitaire qui nous préoccupe tous, la perception qu'en ont les tout jeunes enfants.