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En ce Magic Friday, Andy rejoint la cuisine de son restaurant dans ce qui est en Angleterre pour l'horeca la meilleure soirée de l'année, celle où les gens s'offrent un repas de... fête, en effet dans un resto gastronomique. Sauf qu'Andy, qui vient de divorcer, de s'installer la veille dans son nouvel appartement, n'a pas dormi, a oublié d'appeler son fils comme promis, arrive en retard, subit les foudres de l'inspecteur de l'hygiène, voit son ancien chef débouler avec une critique gastronomique, des soi-disant influenceurs réclamer un steak-frites sous peine de "posts" incendiaires, et sa brigade se dissoudre devant lui. Cette phrase est d'un seul tenant, le film de Philip Barantini d'un seul plan séquence prodigieux, caméra à l'épaule dans ce huis clos sous le ciel "étoilé" du restaurant de ce chef en train de se perdre. "Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille", disait Jacques Chirac: Boiling Point (The Chef en français) est une descente non pas à la cave à vins, mais aux enfers d'un brave cuisinier qui accumule... les casseroles. Et si la sauce prend, c'est notamment grâce à la direction d'acteurs, époustouflante: les comédiens sont en effet criants (beaucoup) de vérité, au premier... chef Stephen Graham dans le rôle d'Andy Jones et Vinette Robinson dans celui de son second... qui lui est d'un premier secours. Sans temps morts, rythmé par les péripéties en cuisine comme en salle, ce film aux allures de documentaire - tant sont puissants ses accents de vérité (pas que de vérité d'ailleurs les accents) - n'est pas qu'une performance magistrale, mais un conte de Noël aux allures cruelles et véridiques, un magic friday qui vire au... black.