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"A travers l'écriture, j'ai voulu parler de l'Afrique en d'autres termes qu'humanitaires, présenter un continent ouvert où vivent des personnes brillantes, créatives, attachantes, loin des clichés misérabilistes."C'est ce regard que Vincent Litt a porté sur les pays africains et asiatiques où il est parti en mission durant 37 années d'exercice de la médecine de santé publique. Une trame que l'on retrouve donc dans sa nouvelle vie d'écrivain lui qui est à la retraite depuis 2016. Né à en 1954 à Leuven, d'un père verviétois, chirurgien orthopédiste, et d'une mère anversoise, anesthésiste, le Dr Litt, deuxième enfant d'une fratrie de huit garçons, après avoir vécu sa jeunesse à Liège, s'est lancé dans des études de médecine à Namur, et les a terminées en 1979 à Leuven, et prolongées l'année suivante par une formation en médecine tropicale à Anvers. Il a aussi passé une maîtrise en santé publique en 1987 à l'IMT d'Anvers, et un DES en anthropologie à l'UCL en 2001. Sur les bancs de la deuxième candi à Namur, il a rencontré Isaline Greindl, elle aussi médecin de santé publique, et de leur union sont nés trois enfants, Madeleine en 1979, Jean en 1981 et Max en 1984. Vincent et Isaline partagent la même passion et la même approche sur le plan professionnel, ce qui leur a permis de vivre des expériences intenses à l'étranger. "Au départ, j'ai fait la médecine pour accompagner des mouvements sociaux et lutter contre les inégalités sociales, ce qu'on retrouve aussi dans mes récits", confie Vincent Litt. "Avant de partir en mission, de 1977 à 1980, je me suis engagé dans l'asbl 'Le Pivot' active auprès de familles du Quart Monde, à Ixelles et Etterbeek. J'y ai côtoyé une misère parfois hallucinante, et là, j'ai compris qu'il fallait partir de l'énergie des gens, du fait que c'est par eux-mêmes qu'ils vont s'en sortir. C'est cela qui nous a toujours inspiré Isaline et moi."Et le couple de médecins a eu abondamment la possibilité de mettre en pratique cette approche au cours de trois longues missions au Mali (1980 à 1985), au Tchad (1987 à 1993) et au Cambodge (1993 à 1996), où ils ont travaillé pour une ONG néerlandaise, l'Institut Tropical Suisse et la Fondation AEDES. Des missions qui ont chaque fois consisté à organiser des hôpitaux et des centres de santé dans des pays en phase de reconstruction. Par la suite, après s'être installé en 1996, dans le Brabant Wallon, à Orbais, les deux médecins ont continué pendant quelques années à réaliser des missions en Afrique et en Asie, en tant que consultants, mais de courte durée, de dix jours à un mois, et séparément. Une centaine au total. "Nous avons toujours accompagné les dynamiques locales, conseillé des collègues des ministères de la santé ou de directions provinciales, afin qu'ils puissent valoriser leurs systèmes de santé. Nous partions d'un a priori positif sur leur capacité à pouvoir transformer ces systèmes, certes avec un appui financier. Nous n'étions pas là pour aider ou soigner des gens en détresse. Il faut oublier cette image misérabiliste des Africains démunis, qui auraient besoin de tout."Vincent Litt insiste sur cet aspect que l'on retrouve désormais dans ses récits, l'écriture étant devenue sa grande passion, lui qui aime aussi randonner, jardiner, couper du bois... "A partir de 1996, j'écrivais beaucoup de rapports mais je n'étais plus tout le temps sur le terrain, face aux réalités cliniques et sociales. Paradoxalement, je manquais de mouvement. J'ai ressenti le besoin d'entrer en création artistique. C'est devenu une nécessité vitale. Edgar Morin en parle comme d'une combustion intérieure."Après un petit passage par la musique, il s'est lancé progressivement dans l'écriture, et a pris part à des ateliers entre 2000 à 2002, à Namur, au cours desquels il a appris comment construire des personnages, et les différentes phases menant à l'élaboration d'une nouvelle ou d'un roman. En 2006, Vincent Litt a écrit Le Camion, une première nouvelle puis un roman d'une centaine de page, deux ans plus tard, Noyez les chatons, qui raconte l'histoire d'une famille dans un hameau ardennais et dans lequel on retrouve un peu son expérience du Quart Monde. Ensuite en 2010, il a produit Bord de Route, un recueil de dix nouvelles dont deux republiées un an plus tard avec de superbes illustrations de Bernadette Kluyskens. Enfin, après deux autres nouvelles en 2016, cette année, il publie Soleil rouge sur Badényabougou, son premier roman à compte d'éditeur. "C'est une grande joie d'avoir pu mener ce projet à terme car l'écriture, au début, c'est laborieux, et cela exige beaucoup de discipline. J'écris quatre jours par semaine, de huit à treize heures. Le plaisir au fur et à mesure. Je ressens aussi de la fierté d'avoir été relu par un éditeur qui a de suite accroché avec mon ouvrage. J'ai le sentiment de petit à petit rejoindre la profession d'écrivain, de romancier..."