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L'e-santé a déjà fait couler beaucoup d'encre, toutefois c'est probablement loin d'être fini. Mi-décembre 2019, la prime de pratique (on devrait l'appeler prime informatique) 2018 était enfin disponible (y compris pour les assistants qui souvent l'ignorent). Une dizaine d'items évaluent le médecin généraliste et ses performances informatiques : utilise-t-il eFact, eAttest, Recip-e, e-DMG ? Réalise-t-il des Suhmer, des schémas de médications, des demandes Bf, des demandes d'allocations pour handicap ? La plus curieuse me semble être le critère se rapportant au Cebam : le médecin a-t-il bien consulté, via l'évidence linker (code du diagnostic repris dans son DMI, le menant directement au site du même nom) le Cebam afin d'y prendre connaissance des (dernières ? hum, hum...) recommandations scientifiques se rapportant au problème du patient ? Non seulement rien ne permet de croire que le généraliste y a lu quoique ce soit...et de plus, nombreux qui l'ont fait, ont vu cet item mis à zéro car ils avaient probablement oublié d'utiliser le login dudit site ! C'est donc de la qualité " achetée " par l'État : payer pour consulter un site sur lequel il a jeté son dévolu. Est-ce vraiment comme cela que l'on compte faire avancer la qualité des soins ? Si on ajoute que le modèle belge d'évidence based médecine (EBPlan) a été mis sur pied par une ministre flamande avec des acteurs essentiellement flamands, et sans concertation aucune avec les sociétés scientifiques, on est en droit de se poser des questions sur la mise en place de soins de qualité chez les généralistes francophones. Le système eHealth lui-même doit évoluer vers des standards et une architecture moderne et fiable, nous l'avons fait savoir.Autre enjeu : l'accréditation. Le système s'essouffle et c'est peu de le dire ! Les comités créés à cet effet pour siéger à l'Inami seraient en état de mort cérébrale si quelques irréductibles courageux volontaires ne les animaient avec courage et détermination. Parmi eux, les membres de la SSMG sont bien présents ! Cela ne sera pas suffisant pour migrer vers un système moderne et stimulant ! Là aussi l'Autorité avance cachée, sans concertation constructive et sans véritable stratégie de soutien à la pratique de la qualité des soins. Je plaide pour l'évolution d'un système qui permette à chaque généraliste de continuer à se former dans les matières importantes pour lui, pour ses patients et pour la société. Nous en avons le devoir, soyons enfin soutenus positivement dans cette volonté de toujours faire mieux !Un enjeu pharmaceutique a vu le jour ces dernières années : l'indisponibilité temporaire des médicaments. Chaque patient et chaque médecin s'y sont certainement confrontés récemment. La qualité des soins en souffre et nos collègues pharmaciens, précieux alliés de proximité, s'essoufflent face à la masse de produits introuvables. L'Agence du médicament a fort heureusement innové avec son site PharmaStatut sensé nous aider (...)Enfin, le Rifress (Réseau international francophone pour la responsabilité sociale en santé) fera une halte à Bruxelles en 2020 pour un congrès qu'il espère à la hauteur de son titre : responsabilité sociale en santé et développement durable, quelle responsabilité du politique, de l'académique, du professionnel du citoyen... ? Faire en sorte que la santé soit au coeur des actions de tous, y compris du monde économique et politique, afin qu'elle puisse aider à promouvoir un monde durable est un défi important. Durable, cela veut aussi dire équitable, viable et vivable.Soyons tous concernés par ces enjeux trop importants que pour le laisser aux mains de quelques militants, fussent-ils passionnés.