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"I l nous est apparu que l'application Doktr de Proximus ne propose pas au patient de consulter son médecin sur rendez-vous, mais de consulter des médecins sans rendez-vous. Sur la page qui explique le fonctionnement de Docktr, il est en effet fait référence à "nos médecins" et non à "votre médecin". Doktr semble donc essentiellement destiné à orienter le patient non pas vers son médecin mais vers ses propres médecins qu'il recrute sur son site "pour renforcer l'équipe de Doktr"", commente le Dr Luc Herry, président de l'Absym. Selon le syndicat médical, "Proximus ajoute, avant et après la consultation "chiffrée de bout en bout", deux outils qui, eux, ne sont pas chiffrés de bout en bout. Il suffit de lire la politique de protection de la vie privée de Docktr pour s'en convaincre. En effet, avant que le médecin qui le prendra en charge lui soit attribué, le patient est invité à "l'admission", qualifiée de "premier triage numérique". Le patient répond aux questions d'un chatbot sur "le type de maladies, les symptômes, les médicaments connus, les allergies connues, les maladies chroniques connues, l'état spécifique de grossesse ainsi que les images pour prouver tout symptôme", en d'autres termes une anamnèse très fouillée et des documents. Pour guider une anamnèse sur un chatbot, il faut deux conditions: la première est que les données échangées soient déchiffrées sur le serveur et la seconde est que ce serveur ait d'importantes ressources en intelligence artificielle. Si Proximus ne dispose pas de ces ressources, il est possible qu'il confie le guidage de cette anamnèse à une société spécialisée en intelligence artificielle", craint le Dr Herry. L'Absym ajoute que la consultation de Doktr se termine par "le suivi des soins". "Celui-ci comprend le rapport de consultation, les certificats d'incapacité de travail et les demandes d'examens ou d'avis de médecins spécialistes. Ces documents sont déchiffrés sur les serveurs de Proximus avant d'être récupérés par le patient. Les ordonnances enfin sont envoyées sur le portail "ma santé" ce qui nécessite qu'elles soient elles aussi préalablement déchiffrées.""Une "solution" qui invite le patient à consulter d'autres médecins que le sien après avoir réalisé une anamnèse fouillée traitée par intelligence artificielle sur ses serveurs ou, le cas échéant, ceux d'une société spécialisée en intelligence artificielle, qui, de plus, stocke tous les documents échangés entre le patient et le médecin après les avoir déchiffrés, ne répond pas aux critères de qualité que l'Absym attend d'un outil de vidéo-consultation sécurisé", estime Luc Herry. "L'un de ces critères est que l'application de vidéo-consultation puisse prouver qu'elle est véritablement chiffrée de bout en bout. Seules les applications développées en Open Source l'autorisent. Ces applications permettent non seulement d'organiser une consultation chiffrée de bout en bout mais aussi d'échanger des documents sans jamais les déchiffrer sur un serveur intermédiaire. Quant à nos ordonnances elles sont déjà électroniques. Les certificats et les demandes d'examens et d'avis spécialisés le deviendront dans un avenir proche. Pour ces raisons, l'Absym a mis fin à sa collaboration avec Proximus."Le syndicat médical s'étonne que des mutuelles proposent à leurs affiliés des consultations sur Doktr à titre gracieux. "N'est-il pas contradictoire d'encourager les patients à ouvrir un DMG en déclarant "votre médecin peut dès lors mieux vous conseiller et coordonner vos soins." tout en leur offrant gracieusement des consultations virtuelles avec des médecins qui ne les connaissent pas?"