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L'offre de services bancaires se décline sur plusieurs plans. Il y a les diverses formules régissant le compte courant, souvent qualifiées de packs. Tel forfait mensuel de base exclut la carte de crédit. Tel autre, plus élevé, la comprend et autorise par ailleurs (encore) un certain nombre d'opérations manuelles, etc. Il est un autre plan, axé sur le fait que les spécialistes de la banque renseignent et conseillent le client. Comprenez : de manière plus personnelle et plus spécifique que ne le ferait l'employé au guichet, une espèce de toute manière en régression. Ici aussi, les formules se bousculent. La palette des services est parfois fonction du montant total dont le client dispose dans l'institution, qu'il s'agisse du compte à vue, du carnet de dépôt ou d'un compte-titres garni d'actions, d'obligations ou de fonds et sicav. C'est en partie le cas chez Fortis. D'autres banques (ING par exemple) font la distinction entre le montant investi et le montant total déposé. Logique : les banques belges récoltent une épargne un peu trop abondante par rapport aux remplois possibles. Or, grande différence avec le passé, le surplus ne peut plus être investi par la banque de manière profitable : le rendement des obligations de l'État est légèrement négatif, tandis que le dépôt de cet excédent à la Banque centrale européenne est grevé d'une pénalité de -0,5 % par an. Le premier client rapporte grâce aux commissions et frais de gestion, tandis que le second coûte à la banque ! Les services proposés peuvent aussi dépendre à la fois du montant investi et de la formule choisie par le client. C'est le choix de CBC en banque privée. Que propose la première banque du pays ? BNP Paribas Fortis n'a, à première vue, pas placé la barre extrêmement haut pour son Priority Banking, puisqu'il est offert à partir de 85.000 euros. " Le client a accès aux services d'un conseiller dédié pour ses investissements, ses assurances et ses crédits. Il bénéficie d'un check-up annuel de sa situation financière ", explique-t-on chez Fortis. Ces services concernant des produits vendus par la banque, la démarche n'est donc pas désintéressée, ce qui est du reste logique. Via ce statut, l'institution promeut la variante Priority Banking Exclusive, aux services plus étendus, tels que des conseils en matière de pension et de succession, ou encore un plus large choix de fonds. Ce statut supérieur est payant, soit 19,90 euros par mois. Chez ING, le client est promu au Personal Banking à partir de 100.000 euros investis (et non simplement déposés). Ce statut lui donne droit aux conseils de son Personal Banker, ainsi qu'à l'accès au Wealth Analysis and Planning (WAP). Même montant chez Beobank pour le statut Premium, assorti d'une assistance en matière de structuration et de transmission de patrimoine, d'un choix élargi de fonds, outre un large accès aux conseils du Premium Banker. Pas de frais de gestion ni de garde à ce niveau. Position inverse chez Argenta, la banque réputée pour son service de base gratuit. Elle n'affiche rien en matière de statut bancaire privilégié. " Le conseil en investissement est entièrement gratuit. Nous offrons un service personnalisé à tous nos clients, quel que soit le montant ou les actifs à investir ", est-il précisé. Dont acte. Situation identique chez Crelan, la banque coopérative qui devrait prochainement absorber Axa Banque, où l'on précise : " Il n'y a pas de frais pour les avis de nos agents. " Gestion discrétionnaire possible à partir de 100.000 euros. La banque CBC, elle, passe directement à la " banque privée ". Il est vrai que, ici comme chez de nombreux concurrents, le seuil est fixé à 250.000 euros investis, loin des millions exigés pour la gestion de patrimoine (lire plus loin). Une importante distinction y est faite entre la " convention de services ", facturée 300 euros minimum, et la " convention globale de services ", qui coûte 1.000 euros minimum (plus TVA de 21 %). Toutes deux donnent droit à des conseils en matière de placement, ainsi qu'à un service d'analyse des flux financiers, actuels et futurs. Et offrent le choix entre une cinquantaine de fonds de tiers, sélectionnés par KBC Asset Management. La seconde formule y ajoute des conseils en structuration patrimoniale et en prévoyance. Le client peut également choisir des fonds en-dehors de la sélection, sans conseils de la banque. Il va de soi que CBC pratique aussi la gestion déléguée, naguère appelée discrétionnaire, formule dans laquelle les gestionnaires gèrent pour le compte du client. C'est également à partir de 250.000 euros que la banque privée ouvre ses portes chez Fortis. Diversification du patrimoine ou mise à jour du contrat de mariage font partie des services proposés par les Estate Planners, tout comme l'accès à PaxFamilia, plateforme regroupant toutes les informations relatives au patrimoine. ING propose deux niveaux très différents de banque privée. Le premier est accessible à partir de 250.000 euros, le client étant investi dans un fonds de placement spécifique. Même si le placement est judicieux, ce n'est pas vraiment ce qu'on entend par banque privée, qui suppose une approche assez personnalisée. Tel est par contre le cas de la classique gestion discrétionnaire, ainsi que du conseil en placements, quand le client fait lui-même ses choix, conseillé par son banquier. Pour ces deux formules, il faut donc investir un million chez ING. Si la banque privée est souvent disponible pour 250.000 euros " seulement ", c'est parce que le tout haut de gamme, accessible seulement quand on compte en millions, est alors appelé wealth management, ou gestion de patrimoine. C'est la spécialité de maisons comme Delen ou Degroof Petercam, souvent qualifiées de " banques privées ". Cette appellation, qui n'a rien d'officiel, peut donc recouvrir des réalités diverses. Outre un interlocuteur dédié très disponible, car ayant beaucoup moins de clients que dans la banque privée, la gestion patrimoniale offre des services plus larges, et ceci sur deux plans. D'une part, la palette des placements proposés s'étend à des domaines tels que l'immobilier en direct, ou encore le private equity, c'est-à-dire l'investissement dans des entreprises non cotées. Pour ce dernier engagement, le ticket d'entrée est souvent de 100.000 euros au minimum. Or, un tel placement présente un risque assez élevé, qu'il faut atténuer avec une large diversification des avoirs. On comprend dès lors que ce type d'investissement ne s'adresse qu'aux patrimoines s'exprimant en millions. De tels placements ne sont par ailleurs possibles qu'avec les conseils personnalisés des spécialistes de la banque, qui ont préalablement étudié les projets, un niveau de prestation que l'établissement ne peut évidemment pas envisager pour de faibles montants. Conseils personnalisés des experts de l'institution : tel est précisément l'autre volet du wealth management, en matière cette fois de finances personnelles. Un client disposant d'un patrimoine conséquent peut obtenir des conseils pointus en matière de succession et de donations. La transmission du patrimoine familial est en effet devenue un thème central du service bancaire de haut de gamme. Celui-ci peut également s'élargir aux placements dans des oeuvres d'art, voire des voitures de collection, par exemple, ou encore de l'immobilier très spécifique, comme des forêts ou vignobles. A défaut d'offrir lui-même une expertise au niveau de tels biens, le service de wealth management de la banque sera en mesure de proposer des conseils patrimoniaux et financiers pour leur acquisition, précise-t-on chez CBC. En principe, les conseils donnés par les experts de la banque sont gratuits dans la gestion de patrimoine, seul l'appel à des spécialistes extérieurs étant facturé. Le wealth management est accessible à partir de cinq millions d'euros chez Fortis, tout comme chez CBC.