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Plus d'un quart (27%) des adultes de l'Union européenne ne se feront "plutôt" ou "très" probablement pas vacciner contre le Covid-19, révélait en mai dernier une enquête de l'Agence européenne Eurofound. En cause, selon Eurofound, l'absence "de communication claire et convaincante concernant l'efficacité et l'innocuité des vaccins". Et d'avancer, plus avant, que l'hésitation vaccinale constitue une "préoccupation constante et croissante qui peut saper la capacité des États membres à mettre en oeuvre un programme de vaccination solide, couvrant toute la population adulte européenne et conduisant à une immunité collective en Europe le plus rapidement possible. " En sachant que plus on avance dans la campagne de vaccination, plus on rencontre de personnes récalcitrantes. Pour inciter les plus réfractaires à sauter le pas, l'Europe a misé sur la pédagogie. En Belgique, on retrouve peu ou prou le même pourcentage d'hésitants vaccinaux que dans le reste de l'UE (27%). Que fait-on pour inciter cette population à se faire vacciner? En Wallonie, au-delà d'un appel à la solidarité, la région a eu recours à des influenceurs tels que l'humoriste Kody, le DJ Kid Noize, ou encore le footballeur Eden hasard. Une décision pour pousser le jeune public à se faire vacciner, et pour cause, une étude menée par l'UCLouvain 1 pointe que les personnes plutôt jeunes, insatisfaites de la gestion de la crise, encourant un risque médical peu élevé et parlant français seraient plus hésitantes que les autres. On retrouve la même démarche en France, championne de l'hésitation vaccinale en Europe occidentale (près de 40%). Alain Fischer, "Monsieur vaccin" du gouvernement français, pense ainsi à la star du PSG et des Bleus Kylian Mbappé pour inciter les plus jeunes à se faire vacciner. Quand la science ne suffit pas, les autorités à travers le monde poussent la vaccination en utilisant la carotte plutôt que le bâton. Et on est loin du sandwich offert après le don de sang. Il ne faut pas nécessairement sortir d'Europe pour trouver de telles démarches. En Pologne, les autorités ont lancé une loterie. Les deux premiers prix un millions de zlotys (223.000 euros) et une voiture hybride. Une somme d'argent est également promise aux communes qui atteindront le plus rapidement la barre des 75% de leur population vaccinée. Plus à l'est, en Russie, la ville de Moscou propose des bons d'achat pour chaque injection. En Israël, où plus de 62% de la population est vaccinée, la campagne de vaccination a atteint un palier. Les autorités locales encouragent donc leur population à se faire vacciner à coup de bières, de pizzas ou de plats traditionnels gratuits. Toujours plus haut, toujours plus fort, c'est un peu le leitmotiv américain. Un temps champion de la vaccination, ayant très rapidement atteint les 50% de la population ayant reçu une première dose, le géant américain fait lui aussi face, depuis mi-avril, à une baisse des doses administrées quotidiennement. Une des causes: l'hésitation vaccinale. Pour pallier le problème, certains États n'hésitent pas à sortir l'artillerie lourde...Au sens premier du terme! C'est ainsi qu'en Virginie-Occidentale, une loterie pour encourager les habitants à se faire vacciner propose de remporter des fusils de chasse. Auparavant, le gouverneur Jim Justice offrait 100 dollars en bons d'épargne aux 16-35 ans, une catégorie d'âge plus réticente à se faire vacciner (comme partout finalement). Pas suffisant apparemment. À l'opposé, dans un esprit plus hippie, les autorités de l'État de Washington offrent "un pétard contre une piqûre" ("joints for jabs"). Une décision qui s'inscrit dans la foulée de l'autorisation accordée le mois dernier aux bars et autres débits de boisson de l'État d'offrir une consommation alcoolisée aux adultes vaccinés. Les initiatives se sont multipliées dans ce sens à travers la cinquantaine d'États américains: qui d'une bière, d'un gâteau, de fleurs et même de l'argent. Les initiatives sont tellement nombreuses que l'on s'y perd. C'est aussi ça, le reflet d'un pays sans stratégie sanitaire fédérale commune, où chaque État agit comme il l'entend. D'un point de vue fédéral, l'approche marketing de la vaccination reste toutefois de mise. Le président Joe Biden a même annoncé, en mai, des partenariats avec des supermarchés pour garantir des promotions aux acheteurs venant se faire vacciner. L'incitant va d'une réduction de cinq dollars par achat à une remise de 10% du ticket de caisse.