Ce nouvel outil de communication entre médecins généralistes, médecins du travail et médecins conseils sera lancé le mercredi 19 février, sous l'égide de l'Inami. But, clairement avoué: faciliter et stimuler le retour au travail des plus de 520.000 malades belges de longue durée.
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Les questions n'ont pas manqué de fuser à l'occasion de la grande journée de la SSMG, le samedi 25 janvier, consacrée aux "aides pour un retour gagnant au travail". Une thématique ô combien complexe, qui engage de nombreux acteurs mais, bonne nouvelle, tous sont censés bientôt mieux "échanger" entre eux grâce à 'Trio', la future plateforme de l'Inami (mode d'emploi) adoptée en plénière par la Chambre ce 23 janvier. Par 'Trio', comprenez la triade formée par le médecin généraliste, le médecin du travail et le médecin conseil de la mutuelle, et réunie autour du patient en incapacitéprimaire de travail (absent depuis moins d'un an) ou en invalidité (au-delà d'un an). En filigrane des riches échanges lors de ce colloque qui se déroulait à l'amphithéâtre du CHC MontLégia (Liège), le désarroi profond de médecins généralistes qui, souvent, n'arrivent pas à joindre leurs confrères médecins conseils ou médecins du travail - "J'ai attendu 35 minutes au téléphone dernièrement...", témoigne une dame dans l'assemblée. Des généralistes qui, par ailleurs, sont de plus en plus confrontés à des patients qui, tel un dû, "viennent chercher leur certificat, Docteur" ou qui "estiment avoir assez travaillé depuis 15 ans pour être en invalidité, vous-comprenez-bien-Docteur" (loin, donc, des 40 à 43 ans de carrière légale actuelle...). Un bouleversement sociétal insondable, contre lequel aucune plateforme, fusse-t-elle 'Trio', ne pourra lutter totalement. La prise en charge des malades de longue durée se doit d'être intégrée, pluridisciplinaire, holistique. Pour cela, la coordination des actions et l'échange de données doivent - au-delà des seuls prestataires de santé bientôt amis grâce à Trio - inclure également les mutuelles, et les acteurs de l'emploi et de l'insertion socioprofessionnelle comme le Forem ou l'Aviq. "Et il faut aussi un gouvernement fédéral", a glissé le ministre régional Coppieters "qui ne peut pas tout". Justement, le Dr Yves Coppieters, ministre wallon de la Santé, ouvrait le colloque. Avant même de faire l'anamnèse de cette épidémie 'd'absentéite aiguë' qui frappe le Royaume, l'épidémiologiste a d'emblée posé le bon diagnostic: après quelques mois seulement d'absence, la probabilité d'un retour chez le même employeur chute de... 50%! Or, le trajet de retour au travail s'apparente souvent à un parcours du combattant, comme l'ont systématiquement démontré les différents intervenants au colloque. Il est "primordial de donner aux travailleurs et travailleuses toutes les chances de retourner au travail au stade le plus précoce", recommande le Dr Coppieters, pour qui "l'incapacité de travail est un enjeu collectif. Je crois en une société qui soutient, accompagne et valorise chaque individu, quel que soient ses capacités, à tout moment de sa vie."Le ministre avait apporté des chiffres dans sa petite mallette. Ils sont éloquents: l'Inami comptait en 2022, en Wallonie, 134.000 salariés en incapacité primaire et 9.500 indépendants, ainsi que 180.000 salariés en invalidité et 9.700 indépendants. Parallèlement, du côté du SPF Emploi (2023), dix services externes de prévention et protection au travail, comptabilisant 230.000 employeurs représentant plus de quatre millions de travailleurs, ont contacté 72.000 travailleurs en incapacité de travail d'au moins quatre semaines pour les informer des possibilités de retour au travail. Et le Dr John Colin, médecin du travail (Securex), de continuer à appuyer là où ça fait mal: "Il y avait en Belgique, fin 2023, 526.000 absents de longue durée, pour un coût de plus de 9 milliards d'euros. Et les perspectives ne sont pas des meilleures."À l'instar du ministre, le Dr Colin estime que le temps est assassin: après deux ans d'invalidité, seul un travailleur sur dix peut espérer retrouver son poste. Ce temps doit être mis à contribution. La solution passe par de meilleures collaboration et communication entre disciplines - la fameuse triade de Trio -, en construisant un "solide réseau préventif dont vous seriez le héros", lance-t-il à l'auditoire de généralistes. Et de les inviter à ne jamais hésiter à contacter la cellule "Santé & bien-être au travail" de la SSMG, pour animer des Glems sur la thématique du retour au travail ou des risques psycho-sociaux, qui constituent la première cause - avec les troubles musculosquelettiques - d'absentéisme de longue durée. "Une problématique psychosociale comme un burn out, c'est entre six mois et deux ans d'incapacité. C'est énorme. Il y a donc tout intérêt à nous contacter pour que nous essayions de mettre quelque chose en place avec le conseiller en prévention."