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Les présidents du PS et du MR, Paul Magnette et Georges-Louis Bouchez, ont salué samedi soir l'accord conclu au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles sur la création de masters en médecine. "Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles s'est accordé sur le développement des masters en médecine à l'UMons et à Namur. Une décision importante pour le développement de l'offre de soins dans nos territoires. Un enjeu essentiel pour le PS", a souligné Paul Magnette sur Twitter. "L'Université de Mons aura un master en médecine sans financement complémentaire, ni définancement des autres facultés de la Fédération Wallonie-Bruxelles (...) Il y aura un moratoire sur les habilitations dont la procédure d'octroi va être fortement durcie. La bonne gouvernance a triomphé!", a de son côté affirmé le président des libéraux francophones sur le même réseau social. Un bras de fer opposait les libéraux aux autres partis de la majorité en Communauté française. Depuis le début de février, la majorité PS-MR-Ecolo se déchirait sur la demande de l'UMons et de l'UNamur à pouvoir organiser des masters en médecine. Le PS et Ecolo estimaient que la mesure permettrait de réduire la pénurie de médecins en Wallonie, et de soutenir le développement de la province du Hainaut. La ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Glatigny (MR) refusait d'y souscrire. Elle justifiait sa position par des questions budgétaires ainsi qu'en raison du contingentement de médecins qui ne permettra pas demain à la FWB d'avoir plus de diplômés, même avec deux masters supplémentaires. Le dossier a pris un tour explosif avec la menace du président du PS, Paul Magnette, hennuyer comme Georges-Louis Bouchez, de recourir à une majorité de rechange, sans le MR, pour faire accepter les demandes des universités. Plusieurs médias ont même évoqué le scénario d'un renversement d'alliance. "Finalement, la sagesse a prévalu dans ce dossier qui s'est appuyé depuis le début sur des arguments factuels et des données objectives difficilement réfutables", a souligné le recteur de l'UMons, Philippe Dubois. Il se dit "convaincu que ce master sera bénéfique pour le Hainaut, sa jeunesse et l'ensemble de sa population."L'UMons rappelle que l'ajout d'un master en médecine au bachelier qui existe déjà n'implique pas d'augmentation du nombre d'étudiants en médecine étant donné le concours d'entrée en FWB. L'impact financier de cette augmentation est estimé à un maximum de 450.000 euros sur trois ans, soit un montant annuel de l'ordre de 0,01% du budget 2023 de la FWB. L'objectif du master en médecine conjoint UMons-ULB est d'augmenter l'accessibilité à la formation de base en Hainaut de manière à pallier la carence par rapport aux autres provinces et de stimuler pendant la formation de base les vocations pour la spécialisation de médecin de famille. "Afin de rencontrer les objectifs de bonne gestion des deniers publics et de responsabilisation des établissements, une série de mesures complémentaires sont prévues", a ainsi souligné le gouvernement dans un communiqué dans lequel on sent la patte du MR. Pour les habilitations en sciences médicales, "afin d'éviter un surfinancement du master organisé en codiplômation entre l'ULB/UMons au détriment des autres formations et d'assurer l'équité entre tous les étudiants en médecine, un coefficient identique sera appliqué à l'ensemble des étudiants", précise l'exécutif. En d'autres mots, l'UMons ne bénéficiera pas de financement complémentaire pour son master en médecine et les autres facultés de la Fédération ne seront pas définancées. Une évaluation de l'opportunité des deux habilitations controversées aura par ailleurs lieu après cinq ans. Elle comportera une étude indépendante chargée d'analyser s'il y a un lien entre la création de masters et l'installation des médecins généralistes dans les zones en pénurie et l'apport de la cohabilitation pour l'accessibilité des étudiants. Par ailleurs, l'habilitation relative à un master en médecine en codiplômation entre l'ULB et l'UMons sera supprimée en cas de rupture de collaboration avec l'hôpital universitaire Erasme ou en cas de demande de la part des autorités académiques de reconnaissance d'un nouvel hôpital universitaire. Le gouvernement a en outre prévu de réformer le dispositif d'habilitations, avec notamment le blocage du financement de toute nouvelle habilitation pendant trois ans, "de façon à responsabiliser les établissements". Enfin, "un moratoire sur les habilitations sera d'application jusqu'à la fin de la législature. Aucune nouvelle offre de formation ne sera autorisée avant la rentrée académique 2025-2026, l'objectif étant de sortir d'une dynamique de révision annuelle de l'offre de formation qui pousse à la surenchère"."Aujourd'hui on peut considérer que le MR a joué, il a perdu et il essaie de faire croire qu'il a gagné", notamment en faisant valoir des mesures de bonne gouvernance, a réagi le député Benoît Dispa (Les Engagés) sur le plateau de "C'est pas tous les jours dimanche" (RTL). Mais "la façon dont ce dossier a été géré est un exemple de mauvaise gouvernance, à commencer par un acte de déloyauté, puisque le MR est sorti [du bois] de manière unilatérale sans aucune concertation avec ses partenaires". L'Engagé dénonce un "combat de coqs" dans lequel le président du MR, le Montois Georges-Louis Bouchez, aurait tenté de se profiler en "maître du Hainaut" face au président du PS et bourgmestre de Charleroi, Paul Magnette. Pour Benoît Dispa, cet accord est "un moindre mal, même s'il ne règle pas le problème des pénuries" de médecins, vu le contingentement des numéros Inami. Au final, la séquence "n'est pas à la hauteur de la qualité des projets déposés par les universités", selon Les Engagés.