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Le journal du Médecin: Quelle est la position du GBO sur l'échelonnement dont on ne parle plus guère ces derniers temps?Dr Paul De Munck: Tenant compte des délais d'attente dans certaines spécialités, c'est certainement un concept à remettre sur la table. Certains services sont submergés par les demandes... Je crois d'ailleurs qu'il faut faire très attention lorsqu'on analyse une quelconque mesure comme l'échelonnement mis en place en 2007. On entend toujours: "Ça ne donne pas les résultats escomptés. Donc ce n'est pas une bonne mesure." C'est une habitude dans notre pays. Il fut un temps où on disait: "Le DMG n'a pas la couverture voulue donc ce n'est pas un bon système." L'avenir a montré que c'était une bonne mesure. Tout le pays finira couvert par le DMI d'une manière ou d'une autre. En second lieu, l'encouragement de l'échelonnement était en fait une "mesurette", un coup d'essai pas très ambitieux. Idéologiquement, il faudrait préalablement accepter l'idée que si on suit la littérature internationale, l'échelonnement est utile. Tout cela a été démontré. Donc si on se met d'accord sur un système nettement plus échelonné, il faut le mettre en oeuvre et en convaincre le citoyen-patient. Mais comment? Le DMI permettrait plus que naguère de rendre l'échelonnement automatique. La fameuse attestation qui permet au patient passant par le MG d'être mieux remboursé chez le spécialiste serait automatique. La lettre de renvoi serait envoyée automatiquement au spécialiste également. En effet, actuellement, un des biais de l'étude c'est qu'elle ne peut pas démontrer que la consultation du spécialiste deux ou trois mois après celle du MG est la conséquence ou pas d'un renvoi... C'est une réalité car certains renvois chez le spécialiste peuvent en effet prendre des semaines ou quelques mois. On pourrait donc rediscuter de cela à la lumière de l'esanté... Par ailleurs, a-t-on fait tout ce qu'il fallait pour que les gens prennent conscience de l'intérêt du système? Ce n'est pas sûr. Les mutuelles diront que oui... Et remarquons que l'incitant financier est très faible... Mais jusqu'où aller vers l'échelonnement? Il faut utiliser le bon sens. Dans le cas d'une pathologie très aiguë ou urgente, il est évident qu'on ne discute pas d'un échelonnement. On parle ici, en fait, d'un "échelonnement soft" à savoir, tout ce qui peut être différé dans le temps: les pathologies chroniques, celles demandant un avis. Mais un jour, il faudra bien discuter de la question des patients qui consultent un dermatologue pour une affection dermatologique banale... Est-ce normal de payer un ticket modérateur identique si on consulte un dermatologue pour exclure un diagnostic de mélanome? Y a-t-il des prérequis pour la mise en place de l'échelonnement? Oui. Une première ligne forte. Qui soit capable d'absorber les demandes faites pour court-circuiter le système. S'il faut rapatrier en médecine générale toutes les demandes qui atterrissent à tort en médecine spécialisée, on augmente ipso facto le volume des consultations en médecine de première ligne. Je viens d'un Glem à Ciney où nous avons discuté de la pénurie. Il est clair qu'il faut renforcer les troupes en effectif et en disponibilité. Donc le GBO revendique d'aller vers un système beaucoup plus échelonné. Les mutuelles doivent reprendre leur bâton de sensibilisation. Et ne concluons pas hâtivement sur une enquête dont l'auteur lui-même précise que l'analyse doit faire l'objet de développements plus affinés.