...

Dès l'avènement des sciences modernes de la vie, l'idée de perfectionner l'homme par des appendices artificiels surgit. Elle apparaît déjà dans le Codex sur le vol des oiseaux, de Léonard de Vinci. Le peintre de la Joconde imagine un homme volant grâce à des ailes mécaniques. Dans le Faust II, le docteur ayant pactisé avec le Diable avait fabriqué un Homonculus qui échappa à son auteur. Le thème se retrouve dans le Frankenstein de Marie Shelley(5).Quelques séries de la bande dessinée et certaines oeuvres de science-fiction ont également exploité ce filon. Le 20e siècle a vu cette supplémentation de l'être humain quitter le domaine visionnaire d'écrivains géniaux pour entrer dans le domaine de la réalité. La première théorisation de ces avancées technologiques fut l'oeuvre de Jean Coutrot qui forgea le terme de transhumanisme en 1937. Il signifiait l'avènement d'un homme supérieur par l'apport de la science.Un cyborg est un être "mi-humain, mi-machine". L'histoire de Neil Harbisson, première personne à être légalement reconnue comme un cyborg, l'illustre. Neil Harbisson était atteint d'achromatopsie, c'est-à-dire qu'il ne percevait aucune couleur. Il imagina une antenne qui transformait les couleurs en fréquences sonores, capables d'ébranler le crâne et de stimuler l'oreille interne: Neil Harbisson entendait les couleurs. Divisé en trois parties ("Améliorer nos capacités physiques et cognitives", "Optimiser les prochaines générations", "Vaincre la vieillesse et atteindre l'immortalité"), l'ouvrage fait le point sur le perfectionnement des individus humains par le biais de la technologie (citons: "remplacer un bras, une jambe, par un membre mécatronique ; concevoir des yeux bioniques pour résoudre les problèmes de cécité ; cultiver dans des cochons des organes destinés à être greffés sur l'homme ; donner la vie grâce à un utérus artificiel ; créer ou effacer des souvenirs ; connecter un cerveau à une intelligence artificielle ; freiner le vieillissement en manipulant l'ADN ; congeler un corps pour le réveiller un siècle plus tard...", depuis leur conception jusqu'à leur vieillesse. Chaque chapitre fait le point sur une avancée technologique. L'auteur insiste chaque fois sur les réussites et les limites (celles-ci permettant de balayer certaines illusions) des technologies utilisées. L'avenir réside-t-il dans la fusion de l'Homo cyberneticus (le cyborg) et de l'Homo optimus (amélioré biologiquement depuis sa conception)? Cet Homo hybridus représente-t'il l'avenir de l'Humanité? L'auteur ne le pense pas. Indépendamment des problématiques éthiques, il pointe deux facteurs limitants: le désintérêt des marchés et les limites de la technologie. Cependant, quel chercheur peut prédire l'avenir de son domaine? L'activité scientifique peut stagner pendant des années avant de connaître des points de rupture ouvrant la voie à de nouveaux possibles. Le futur comporte toujours une part d'inconnu. Laissons l'auteur conclure: "Il se pourrait bien qu'au lieu d'Homo machinus, on se retrouve avec Machina hominis... ou n'importe quoi d'autre. C'est la beauté du futur, tout y est possible!"(En théorie).