...

Alors qu'à la grande frustration du public l'exposition van Eyck s'est vue racornée par une peste contemporaine, l'on peut se consoler en parcourant l'ouvrage de Harry de Paepe, professeur d'histoire et journaliste, et de Jan Van Der Veken, illustrateur notamment pour De Morgen et The New Yorker dans le style de la ligne claire d'Ever Meulen. Et même si son prénom est Jan comme le maître, il est surtout l'homonyme de Van der Veken Jef, artiste peintre et auteur de la copie des Juges intègres, panneau volé de l' Agneau Mystique et jamais retrouvé auquel l'ouvrage de la paire est en grande partie consacré. Jan Van Der Veken adapte son style en illustrant l'épopée gothique et quasi romantique du chef-d'oeuvre de van Eyck : lequel échappa aux iconoclastes, fut en partie volé par les armées napoléoniennes, fut l'objet de convoitise des Allemands durant les deux guerres en tant que symbole du haut art allemand. Que l'on sache pourtant la Meuse (Jan van Eyck est originaire de Maaseik) n'est pas le Rhin ! Plus pilleurs que les Français plus d'un siècle auparavant (un million de wagons d'oeuvres d'art seront acheminés dans le Reich, notamment pour décorer le " futur " musée d'Hitler), le seul " mérite " des nazis dans l'histoire de L'Agneau Mystique est d'avoir mené une enquête bien plus rigoureuse que la police belge lors du vol du panneau toujours manquant à ce jour en 1934. Une saga que Harry de Paepe retrace depuis le vol effectué par Arsène Goedertier (qui signifie miséricordieux en français ! ), lequel emportera le secret de la planque du panneau dans sa tombe, quelques années après son forfait. De Philippe le Bon à Hitler en passant par Louis XVIII, cet ouvrage raconte la fascination et la convoitise que L'Agneau Mystique suscita : une histoire passionnante, trahie parfois par une traduction approximative. Reste que de ce chef-d'oeuvre, les auteurs font un très joli portrait. - Harry De Paepe (texte) - Jan Van Der Verken (illustrations) : L'Agneau Mystique : Admiré et volé (Casterman)