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Le rapport s'inscrit dans une démarche d'optimisation des soins de santé en Belgique, initiée par la création de la Cellule soins efficaces de l'Inami en 2017, à la suite du Plan d'action en matière de contrôle des soins de santé 2016-2017. Ce plan vise à encourager des pratiques médicales rationnelles, en identifiant les soins potentiellement inutiles ou mal adaptés. Le rapport, constitué essentiellement de graphiques, examine les admissions aux urgences pour 2023 en se basant sur les codes de nomenclature Inami pertinents pour les prestations urgentes. Les analyses portent sur la répartition en volume et en dépenses par patient, et sont complétées par une analyse géographique et par groupes d'âge et de sexe. Les données proviennent de plusieurs sources, notamment les documents N et P qui compilent les informations sur les prestations médicales des patients assurés. Ces données permettent d'établir un suivi des tendances annuelles entre 2013 et 2023 - en excluant l'année 2020, fortement marquée par la crise du covid. La standardisation des données est un élément central de l'analyse, permettant, selon ses concepteurs, "des comparaisons fiables à travers les différentes régions et les arrondissements de Belgique". En 2023, 2.187.852 patients ont été pris en charge aux urgences en Belgique, soit un taux de recours standardisé de 18.991 pour 100.000 assurés. Ce taux est obtenu en divisant le nombre total de prestations par un facteur d'occurrence moyen de 1,43, qui représente le nombre moyen de prestations par patient sur l'année. L'âge médian des patients admis est de 40 ans, l'âge moyen est légèrement plus élevé (42,07 ans). L'analyse par sexe révèle une légère différence entre les hommes et les femmes, avec un taux de recours de 19.592 pour 100.000 pour les hommes, contre 18.416 pour 100.000 pour les femmes. Le rapport entre les sexes est donc de 0,94, indiquant une utilisation plus fréquente des services d'urgence par les hommes. Le pourcentage de femmes admises représente 50,19% du total des admissions. En termes d'âge, le taux de recours varie significativement. Les jeunes enfants et les personnes âgées de plus de 75 ans présentent les taux de recours les plus élevés, avec des valeurs qui dépassent souvent 35.000 admissions pour 100.000 assurés. Les adultes entre 20 et 40 ans, en revanche, présentent des taux plus faibles, autour de 15.000 à 20.000 pour 100 000. L'ensemble des prestations analysées concerne des prises en charge ambulatoires, ce qui signifie que 100% des patients traités aux urgences n'ont pas nécessité d'hospitalisation prolongée. Cela inclut également les hospitalisations de jour. Le ratio entre les arrondissements en termes de prise en charge ambulatoire est très faible, avec un ratio maximal/minimal de 1, indiquant une uniformité dans la gestion ambulatoire à travers le pays. Concernant l'évolution des taux de recours, le rapport montre une augmentation globale de 1,7% par an, en moyenne, sur la période 2013-2023. Cependant, cette tendance a été particulièrement accentuée entre 2021 et 2023, avec une augmentation de 8,13% sur ces deux dernières années. L'analyse par région révèle que cette augmentation est plus marquée en Wallonie, avec une croissance de 10,99% (et même 12,64% dans le Hainaut), comparée à 7,56% en Flandre et seulement 2,68% à Bruxelles. Cette tendance pourrait refléter des différences dans l'organisation des soins d'urgence entre les régions, ou des variations démographiques et sociales. La Flandre recourt historiquement plus à la première ligne. Le rapport présente également des cartes de répartition par arrondissement, qui illustrent visuellement les écarts géographiques. Ces cartes montrent des zones comme le Hainaut et certaines parties de Liège avec des taux de recours bien au-dessus de la moyenne nationale, alors que des arrondissements en Flandre présentent des taux inférieurs, notamment dans les provinces de Flandre occidentale et orientale. Le régime de remboursement joue un rôle important dans l'accès aux soins d'urgence. Le rapport montre que les patients bénéficiant du régime préférentiel ont un taux de recours plus élevé que ceux bénéficiant du régime général. Le taux de recours pour les assurés en régime préférentiel est de 24.760 pour 100.000, contre 17.639 pour 100.000 pour les assurés en régime général. Le ratio entre ces deux groupes est donc de 1,4, ce qui suggère que les patients bénéficiant d'un régime préférentiel ont un accès plus fréquent aux soins d'urgence, peut-être en raison d'une moindre barrière financière. Les dépenses annuelles associées aux admissions aux urgences en 2023 s'élèvent à 99,3 millions d'euros, avec un coût moyen de 45,39 euros par patient. Cependant, les dépenses varient largement selon la région et l'arrondissement. Le ratio entre les arrondissements aux dépenses les plus élevées et les plus faibles est de 2,28, ce qui reflète des différences importantes dans la gestion des soins d'urgence. Le Hainaut se distingue par des dépenses par assuré atteignant 11,82 euros, soit 37% au-dessus de la moyenne nationale. En revanche, le Limbourg affiche des dépenses nettement inférieures, à 6,78 euros par assuré, soit 21% en dessous de la moyenne. En termes de croissance des dépenses par prestation, certains codes de nomenclature ont vu leur coût augmenter plus rapidement que d'autres. Par exemple, les dépenses liées aux codes de nomenclature 590516 (examen clinique lors d'une admission urgente sans lettre de médecin généraliste) ont augmenté de 1,72% par an en moyenne entre 2013 et 2023, tandis que d'autres codes, comme 590612 (avec lettre d'un généraliste), ont connu une augmentation plus rapide de 1,92%.