L'étude Maha indique une hausse des revenus pour les hôpitaux, qui font preuve de résilience. Mais leur marge de manoeuvre est réduite, voire inexistante. Et les coûts augmentent plus vite que les revenus.
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Commençons par le positif. Les hôpitaux accroissent leurs activités. Le nombre d'admissions a augmenté de 266.000 unités depuis 2019. Une hausse qui est évidemment due à la transition vers l'hospitalisation de jour. Seul un hôpital sur cinq compte plus d'hospitalisations classiques qu'en 2019. La durée moyenne de séjour a donc diminué en conséquence, passant de 5,3 jours à 4,7 jours entre 2019 et 2023. Cette baisse est en cours depuis 20 ans. En maternité par exemple, la moyenne est passée de 5,8 jours en 2001 à 3,9 jours en 2023. Cette augmentation a un effet sur l'activité de l'hôpital, qui génère davantage de revenus issus de suppléments de chambre et des produits accessoires (+15,8%). Outre le BMF qui bénéficie de l'inflation (+8%), on note l'augmentation sensible du chiffre d'affaires en pharmacie puisque les médicaments coûtent de plus en plus chers (+10,4%) et les honoraires des médecins (+8,7%) qui ont bénéficié de l'indexation appliquée en décalage. Cela ne suffit pas. Les coûts ont augmenté en parallèle des revenus, et plus rapidement. Les postes les plus importants sont les "autres achats" (+12,8%), l'alimentation (+10,3%) et la facture énergétique qui a continué de grimper (+59%). Heureusement, cette dernière devrait baisser en 2024. Les dépenses pour l'achat de produits pharmaceutiques se sont également accrues (+11,2%). Là aussi, une baisse de l'augmentation des dépenses est prévue en 2024 (+5,5%). Les honoraires des médecins ont grimpé de 11,3%, mais le principal poste de coûts dans un hôpital est le personnel. Les hôpitaux généraux y ont consacré un total de 8,931 millions d'euros en 2023 (+6,6%). Cette année, la hausse sera peu ou prou similaire (+5,3%). Le résultat courant, principal indicateur des hôpitaux au-delà du résultat final qui peut être influencé - comme c'est le cas en 2023 - par un résultat de l'exercice exceptionnel, est de -174 millions d'euros. Cela constitue une moyenne à l'échelle de la Belgique, où des disparités existent entre les régions. Cependant, Belfius est clair: le nombre d'hôpitaux déficitaires augmente chaque année. Sans doute moins d'un tiers en Flandre, 75% à Bruxelles et plus de la moitié en Wallonie, selon les fédérations hospitalières. Ces disparités se marquent davantage quand on analyse la solvabilité des hôpitaux. Si la solvabilité s'élève à 23,5% pour l'ensemble du secteur, ce qui est supérieur à la norme minimale de 20%, il existe de grandes différences entre les hôpitaux et les régions. En Flandre, les fonds propres sont suffisamment solides (27,9% de solvabilité). Mais ce n'est pas le cas en Wallonie (18,6%) ni à Bruxelles (17%). Cela influe sur les investissements. La Flandre a investi 577 millions d'euros dans le secteur hospitalier en 2023. Plus du double par rapport à 2022. Dans le même temps, la Wallonie a réduit la voilure, passant de 140 à 114 millions d'euros. À Bruxelles, le montant des investissement a été divisé quasi par quatre par rapport à 2022. Évidemment, l'investissement dépend du moment, du type de projets. Et il faut également prendre en compte l'explosion des coûts de construction qui a entraîné une augmentation des prix des projets prévus. "On constate chaque année que les chiffres sont mauvais", concluent les analystes de Belfius. "On le dit aussi depuis longtemps, il faut, dans les hôpitaux, un cadre viable et pérenne pour le personnel, pour une durabilité énergétique. Il faut tendre vers la robustesse financière des hôpitaux pour dégager des marges financières suffisantes. Pour faire face aux incertitudes et aux risques. Il faut un changement de paradigme. Comment? Le système des soins est sous-financé. Il faut repenser la façon dont sont alloués les moyens. D'autant plus dans le contexte compliqué que l'on connaît aujourd'hui. Le fédéral doit prévoir un cadre de financement stable et clair avec une vision à 15 ans."