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Il y a 40 ans, un 8 décembre, John Lennon succombait sous les balles d'un fan au pied de son immeuble new-yorkais: Hapiness is a warm gun? À partir de cet évènement tragique, Tom Barbash "imagine "au préalable la rencontre de John et du jeune Anton autre locataire du Dakota, lequel lui enseigne les rudiments de la voile. Fils de de Buddy Winter, ancienne vedette de la télévision qui prépare son retour après un pétage de plombs, il en est aussi le Gemini cricket, le mentor à défaut d'en être l'inspirateur. Une relation au père ambivalente, en parallèle de celle de John avec le sien absent, du paternel que le Beatles ne fut pour son premier fils Julian, au contraire de Sean, fruit de sa relation avec Yoko, et dont il s'occupe intensément. Réflexion sur la gloire - locale d'un côté, mondiale de l'autre -, l'attente des fans, le mutisme voire la dépression qui peut toucher les personnages publics, Beautiful Boy est surtout un portrait nostalgique d'une époque: celle d'un New York interlope, parfois dangereux, mais vibrant d'idées originales et de créativité, à des miles de la gentrification à venir et de l'aseptisation couleur argent qui en a découlé. Très documentée, notamment au niveau des derniers mois de John Lennon, cette chronique d'une mort annoncée possède une fluidité alerte, se révèle d'une simplicité apparente, d'une évidence presque fataliste quant à l'issue. Entre portrait vraisemblable d'une icône, celui imaginaire de ses voisins directs, le roman de Barbash est avant tout celui du tournant des années 80, des souvenirs qu'en a son auteur et celui d'une ville, non pas assassinée, mais disparue.