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Les vaccins contre la grippe sont désormais quadrivalents, c'est-à-dire qu'ils protègent contre quatre souches différentes du virus. Cette évolution a permis de renforcer l'efficacité des vaccinations. Cependant, le système immunitaire des personnes âgées réagit généralement moins bien aux vaccins standards, d'où l'apparition de versions plus fortement dosées. Les vaccins quadrivalents à dose normale (15 mg d'antigène) sont indiqués à partir de l'âge de six mois et le vaccin quadrivalent à haute dose (60 mg d'antigène) est indiqué chez les adultes âgés de 60 ans et plus ("immunosénescence"). Le Conseil supérieur de la santé recommande la vaccination entre mi-octobre et mi- novembre pour une protection optimale avant l'arrivée de l'épidémie. En 2020-2021, la pandémie de covid-19 a profondément perturbé la dynamique de transmission des infections respiratoires. La mise en place des mesures sanitaires - confinement, distanciation sociale, utilisation généralisée des masques - a entraîné une forte diminution des cas de grippe. Mais ces circonstances exceptionnelles ne peuvent pas être maintenues indéfiniment pour prévenir la grippe. D'où l'importance de la vaccination. "En Australie, la saison 2024 a frappé fort, avec l'un des débuts les plus foudroyants au Q1 depuis 2018 et un pic important à la mi-saison, en juin", souligne Marc Van Ranst, professeur de virologie et d'épidémiologie à la KU Leuven. "L'expérience australienne sert toujours d'indicateur pour notre prochaine saison et peut laisser penser à un début tout aussi sévère en Belgique. Cette année, la souche de grippe prédominante en Australie est de type A, avec la co- circulation des sous-types A/H3N2 et A/H1N. La correspondance antigénique entre les antigènes grippaux du vaccin et les souches grippales en circulation semble excellente. La composition du vaccin pour la saison hivernale 2024-2025 dans l'hémisphère nord est similaire à celle utilisée pour la saison 2024 dans l'hémisphère sud. En dehors de changements antigéniques drastiques imprévus dans les virus en circulation, ceci est un bon indicateur de la protection offerte par nos vaccins actuels." Avec la volonté d'accroître la couverture vaccinale, les pharmaciens ont été autorisés à vacciner contre la grippe. Actuellement, la majorité des pharmacies proposent ce service. Dans des villes comme Bruxelles, la proportion de vaccinations par les pharmaciens atteint 30%, dépassant la moyenne nationale. Le pharmacien devient ainsi un acteur essentiel dans la lutte contre la grippe, surtout auprès des personnes qui hésitent à se rendre chez leur médecin. Ce changement suscite pourtant des débats. D'une part, l'accès facilité à la vaccination en pharmacie représente un atout indéniable. Les patients peuvent se faire vacciner sans rendez-vous, renforçant ainsi la couverture vaccinale. "En tant que vice-présidente de la Société scientifique de médecine générale (SSMG), ma réponse à ce sujet est nuancée", explique la Dre Aurore Girard. "Une vaccination réalisée est une vaccination réussie, affirme-t-on. L'objectif est d'augmenter la couverture vaccinale, peu importe qui administre le vaccin, pourvu que la personne soit compétente. Cependant, l'assurance d'un suivi et d'une traçabilité adéquats est essentielle pour éviter les malentendus. Il faut que chaque professionnel sache précisément si le patient a été vacciné et par qui."Certains soulèvent un paradoxe: les infirmières, pourtant en contact quotidien avec les patients à risque, n'ont pas l'autorisation de vacciner contre la grippe. Elles sont formées pour administrer les vaccins et disposent de l'expérience nécessaire pour gérer les réactions allergiques. Cette exclusion semble d'autant plus incohérente au corps infirmier que certains pharmaciens ont montré des inquiétudes face à la gestion des réactions allergiques graves, comme les chocs anaphylactiques, lors des campagnes de vaccination contre le covid-19. La décision d'autoriser les pharmaciens et non les infirmières serait-elle davantage politique que médicale? Ceci étant, "la surcharge des cabinets médicaux lors des épidémies de grippe est un problème récurrent", explique la vice-présidente de la SSMG. "Les périodes comme la rentrée scolaire ou l'hiver sont souvent synonymes d'une forte augmentation des consultations. Les médecins généralistes se trouvent alors obligés de prolonger leurs horaires et d'adapter leurs salles d'attente. À Bruxelles, par exemple, les pics de consultations sont aplatis en raison de la diversité linguistique des patients qui prennent leurs vacances à d'autres moments, mais la pression reste forte."En résumé: même si l'efficacité des vaccins est loin d'atteindre 100% comme d'autres vaccins, la vaccination contre la grippe est une mesure clé pour réduire le risque de complications, notamment chez les personnes à risque. L'implication des pharmaciens et la vaccination en entreprise sont des solutions complémentaires pour améliorer la couverture vaccinale. Toutefois, la vaccination de tous n'aurait pas de sens car il n'y a pas suffisamment de vaccins sur le marché. Il est essentiel d'intégrer la vaccination dans une approche globale incluant médecins, pharmaciens, et infirmières. Une bonne coordination et une traçabilité efficace sont nécessaires pour garantir que chaque patient soit bien vacciné. La vaccination ne doit pas devenir un acte isolé, mais bien une action concertée pour lutter efficacement contre la grippe.