La Région bruxelloise, hub universitaire renommé avec trois CHU, possède actuellement 21 machines et en réclame trois supplémentaires pour pallier des files d'attente qui peuvent atteindre plus de quatre mois en neurologie et dix mois dans certains cas. Un arrêté ministériel signé par Vandenbroucke le 30 mai dernier l'en empêche.
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Tous les directeurs généraux des hôpitaux aigus bruxellois et tous les chefs de radiologie des hôpitaux bruxellois "dénoncent fermement, d'une seule voix, la décision récente du ministre de la Santé de n'octroyer aucun appareil d'imagerie par résonance magnétique (IRM) supplémentaire à la Région de Bruxelles-Capitale".Cette décision, publiée au Moniteur belge le 30 mai 2024, soit une semaine avant les élections fédérales, "nie totalement les besoins croissants et criants des patients bruxellois. Les temps d'attente pour un examen IRM sont catastrophiques (entre quatre et dix mois: près de trois mois en moyenne pour un examen en heures ouvrables, quatre mois pour une IRM de la colonne vertébrale, et plus de quatre mois pour une IRM neurologique, NdlR). Face à cette situation alarmante, les hôpitaux aigus bruxellois demandent d'attribuer de toute urgence au minimum trois nouveaux appareils IRM à Bruxelles", qui en compte aujourd'hui 21. Bruxelles accueille dans son hinterland au bas mot 1,5 million d'habitants et 36% des patients viennent des deux autres régions, parfois d'Ostende. Les files d'attente provoquent des "montagnes russes émotionnelles" chez les patients. "Il est indispensable", plaident les directions hospitalières, "qu'un diagnostic soit posé rapidement, que ce soit en matière de cancer ou en matière de cardiologie."Les hôpitaux bruxellois tentent de pallier cette situation en augmentant les plages horaires pour les examens, mais même avec un turnover 24 h/24, 7 j/7, ils n'y parviendraient pas. "On ne peut pas faire venir des patients cancéreux en pleine nuit ou attendre que les femmes enceintes de 20 semaines accouchent pour faire des examens - d'autant plus qu'il n'y a pas de transports en commun la nuit", souligne Mieke Cannie, cheffe du service de radiologie du CHU Brugmann. "Attendre quatre mois pour une suspicion de sclérose en plaques, ce n'est pas acceptable. En cas de céphalée, une IRM permet de distinguer une sinusite d'un cancer cérébral... Il faut aller vite."Les hôpitaux bruxellois constatent un malaise parmi les patients mais aussi chez les médecins spécialistes face à ces files d'attente. "Ils ne comprennent pas pourquoi ils doivent attendre si longtemps et nous reprochent notre 'lenteur'", poursuit Mieke Cannie. Alors que la Région flamande bénéficiera de 15 appareils supplémentaires et la Région wallonne de cinq, Bruxelles ne recevra aucun nouvel équipement, regrette Gibbis. "Cette décision est non seulement inadmissible mais également totalement incompréhensible, surtout à une semaine des élections fédérales!" Cette situation est la conséquence, selon Gibbis, de l'échec des négociations au sein de la Conférence interministérielle Santé publique. En tant qu'hôpitaux de référence au niveau mondial - les trois CHU bruxellois sont classés parmi les 150 meilleurs du monde - , ils ont une réputation en matière de recherche à tenir, précise le Pr Jean-Michel Hougardy, directeur médical du HUB. Impossible de faire de la recherche clinique avancée avec si peu d'appareils. L'IRM est au coeur de la recherche médicale et fait collaborer les médecins, infirmiers, technologues, ingénieurs et physiciens. "L'IRM permet d'obtenir des images très détaillées sans rayonnement ionisant. Or, le gouvernement attend de nous qu'on utilise moins les CT-scans qui le sont davantage. L'IRM est le nec plus ultra en oncologie dans l'évaluation et la détection des tumeurs. Ces appareils sont essentiels en neurologie, tumeurs cérébrales, maladies neurodégénératives et maladies de la fonction métabolique.""Les besoins en IRM sont criants à Bruxelles et ce depuis longtemps. Le nombre d'appareils actuellement disponibles est largement insuffisant pour répondre aux demandes en constante augmentation, exacerbées par l'évolution médicale, la croissance démographique et l'attractivité de Bruxelles comme capitale de l'Europe", pointe Gibbis. Les hôpitaux bruxellois demandent dès lors "qu'un arrêté royal rectificatif soit pris de toute urgence pour ajouter au minimum trois nouveaux appareils IRM à Bruxelles et qu'à moyen terme on libéralise le secteur", précise Philippe El Haddad, président du CA du Chirec. Il entend par là l'abandon des limitations. "La situation actuelle est une injustice flagrante qui nie les besoins pressants de la Région de Bruxelles-Capitale. Nos patients méritent une réponse immédiate. Ces équipements supplémentaires sont indispensables pour améliorer l'accès à l'imagerie médicale et garantir une prise en charge de qualité à tous les patients soignés à Bruxelles, qu'ils soient résidents de la capitale ou non, et diminuer les temps d'attente démesurés que l'on connaît aujourd'hui!", conclut Karel Van De Sompel,directeur général de Gibbis.