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Le journal du médecin : Pourquoi ce prénom, Adrénaline ?Didier Conrad : Parce les noms de femmes chez Astérix sont en ine - Mimine, Yellowsubmarine - ou en a dans le cas de Falbala et Choriza,Avez-vous fait beaucoup de recherches : la torque et le corvus sont des choses peu connues...D.C. : Facile à trouver via internet. Pour dessiner le corvus, qui est un système d'abordage mis au point par les Romains durant la première guerre punique, j'ai trouvé des exemples de maquettes qui m'ont bien aidéDans le cas d'Adréline, nous ne savons pas si elle a existé. Mais il est impossible de prouver qu'elle n'a pas existé. D'ailleurs, cela a bien fonctionné pour Jésus-Christ : nous ne savons toujours pas s'il a existé. Et regarder le succès ! (il sourit)Jean-Yves Ferri : Il y a toujours eu des éléments historiques dans Astérix.D.C. : Le problème avec cette série, c'est que l'on ne peut pratiquement rien utiliser comme documentation, dont la précision alourdirait directement le récit. On n'est pas chez Alix.JY.F. : Même s'il ne faut pas que cela se voie, cela doit rester plausible. Il faut donc lire beaucoup... pour finalement ne rien montrer. Juste prouver que l'on n'est pas dans l'ignorance totale : ne pas énoncer par exemple de contrevérité à propos d'Alésia. Après beaucoup de débats, il semble d'ailleurs que les historiens soient enfin d'accord pour conclure que le site actuel est le véritable lieu de la bataille.Vous, Didier Conrad, êtes suisse d'origine... mais de Marseille ; et vous Jean-Yves Ferri de Toulouse. Parler d'un village breton, ce n'est dès lors pas trop compliqué ?JY.F. : Non, car il y a un côté irréductible, de résistance que je retrouvais dans le petit village gascon d'où je viens ; et puis je connais la Bretagne...D.C. : Mes parents ont vécu en Bretagne, et j'y suis allé petit.Et vous avez commencé par lire Astérix chez les Helvètes ?D.C. : Non, Astérix le Gaulois. Chez les Helvètes, ce n'est pas celui que je préfère. Le système Goscinny, un peu formaté, y est en place : certes, c'est un bon album, surtout parce qu'il y fait allusion au Satyricon de Fellini. Par contre l'intrigue.... Sauvé un inspecteur du fisc, ce n'est pas très palpitant : et, en plus, ramener un edelweiss. (rires)La difficulté de cet album, c'est son aspect huis clos : souvent, Astérix fonctionnait, mis à part notamment " Le domaine des dieux " ou " Le devin ", sur des clichés à propos de peuplades, en tout cas durant la période Goscinny...JY.F. : C'est un huis clos, mais, au niveau du scénario, je triche un peu, puisqu'il y a évasion et fugue. En tournant au sein des palissades du village, il y a un petit côté théâtre verbeux.En même temps, Le domaine des dieux se déroulait dans la forêt à côté....JY.F : D'un point de vue scénaristique, je préfère ces albums village, qui vous oblige à trouver un thème plus original : le pays visité confère toujours à une sorte de catalogue...Obélix est un grand enfant qui devient ado, Idéfix aurait pu avoir la même évolution en tant que chien ?JY.F et D.C. : Ce n'est pas faux.JY.F. : Un an après la sortie, j'ai toujours des regrets de ce genre, mais il s'agit de pouvoir tout mettre. Et dans La fille de Vercingétorix, les adolescents prennent toute la place. Déjà qu'il fallait laisser la place à Astérix et Obélix. Alors Idéfix...Où se situe le contrôle d'Uderzo sur ce que vous faites ?D.C. : Il supervise, voit le résultat, mais nous sommes aux commandes depuis nos débuts, voici quatre albums. À partir du deuxième album que nous avons signé, Le papyrus de César, Uderzo ne m'a jamais demandé de refaire un dessin : il a repris les trois premières pages des " Pictes " que je lui ai soumis et m'a refusé un personnage, qui n'était pas selon lui dans son style graphique, ce qui était exact. Mais depuis, plus rien.Ah si, il m'a juste donné un dessin précisant le nombre de raies sur le pantalon d'Obélix !Comment envisagez-vous la suite ?JY.F. : Encore une bonne vingtaine d'albums avant la retraite... (rires)Astérix chez les Alsaciens (rires)?D.C. : Un Astérix chez les Chinois va être réalisé sous forme de film.JY.F. : Astérix contre Amazone : une légion romaine féminine.Un album meetoo ?JY.F. : Metoo, ce serait plutôt cet album-ci, paraît-il.On nous parle même de Greta Thunberg en interview !D.C. : Actuellement, je suis dans une période de flou total, jusqu'au moment où j'en ai marre et je décide où aller..JY.F. : Du coup, je pars dans une autre direction (il sourit). Nous ne pouvons plus aborder une peuplade et son catalogue de clichés, vu que tout est globalisé ; par contre, on peut caricaturer ce dernier point. Dans Astérix et la Transitalique, il y avait par exemple le côté sponsors de la course, argent dans le sport, corruption...Pour l'instant, cela reste ouvert au niveau de la suite.D.C. : Mais le prochain sortira le 24 octobre dans deux ans : c'est la règle. La seule fois où il est sorti un 21, cela s'est mal passé au niveau des ventes.Pourquoi le 24 octobre ? Mystère. Une superstition (ndla : Astérix est né le 29 octobre 1959)JY.F. : En tout cas, c'est un compte à rebours. C'est court, et en même temps cela donne un peu de recul. Par contre, une sortie tous les ans épuiserait vite la série... et nous avec.