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Outre le port du masque et la distanciation physique, l'importance de l'hygiène des mains est également sans cesse rappelée depuis le début de la pandémie. D'où la présence à l'entrée des magasins et des bâtiments publics de flacons ou de distributeurs permettant aux clients, d'une simple pression sur un bouton ou une pédale, de se désinfecter les mains. Les enfants peuvent être tentés de jouer avec l'appareil. Celui-ci se trouvant la plupart du temps à hauteur d'yeux pour eux, ils peuvent facilement être éclaboussés. Récemment, un garçon de quatre ans et demi a reçu de l'alcool dans l'oeil provenant d'un distributeur automatique. Les parents ont rincé à l'eau et, le lendemain, se sont rendus chez le généraliste, qui leur a prescrit une pommade. Au final, l'enfant s'est retrouvé aux urgences, où de sérieuses lésions à la cornée ont été constatées. Même sa membrane conjonctive était touchée. L'ophtalmologue a réalisé une greffe de membrane amniotique, mais le pronostic quant à la vue de l'enfant resterait mauvais. Un cas qui ne serait apparemment pas isolé. Le gel pour les mains à la disposition des clients contient plus de 70% d'alcool. Outre la douleur vive, l'oeil peut, au contact de l'alcool, encourir de graves lésions. " La réaction à une brûlure oculaire due à l'alcool isopropylique ressemble fort à celle liée aux substances alcalines, les produits de débouchage par exemple. Cela peut donner lieu à de graves ulcérations de la cornée et parfois attaquer - voire perforer - le stroma", explique l'ophtalmologue Fedor Platteau. "Parmi les effets secondaires typiques liés aux brûlures alcalines, citons la formation de symblépharon, qui provoque le gonflement de la membrane conjonctive du globe oculaire et des paupières. Dans les cas les plus graves, on assiste à une rétractation des paupières, avec trichiasis et d'autres irritations de la cornée comme conséquences." Les cellules souches au pourtour de la sclère et de la cornée, qui assurent une fonction couvrante et protectrice, sont détruites par la solution alcoolique. Impossible de reconstituer une nouvelle couche de protection. La cornée se cicatrise ensuite, ce qui empêche une vision normale. Si un tel accident vous arrive, il importe de traiter tout d'abord l'oeil en le rinçant abondamment, ce compris sous la paupière supérieure et, si possible, de répéter le geste après avoir appliqué des gouttes ophtalmiques anesthésiantes. " Les gouttes antibiotiques et les corticostéroïdes appartiennent à l'arsenal classique, mais il est vivement conseillé de consulter au plus vite un ophtalmologue. Dans les cas les plus graves de brûlures alcalines, il faut parfois avoir recours à la chirurgie: greffe de cornée, de membrane amniotique ou même énucléation", conclut le Dr Platteau. La surveillance des parents et des accompagnants reste le meilleur moyen de prévenir de telles catastrophes.