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Le journal du Médecin: La leçon essentielle de cette pandémie n'est-elle pas qu'il faut soutenir davantage le secteur de la santé ?Patricia Lanssiers : L'année passée au moment des élections, la santé n'était vraiment pas une priorité des partis politiques. Depuis la pandémie, la santé est véritablement au centre des priorités. Nous sommes dans un momentum qui devrait favoriser un investissement plus important dans le secteur de la santé. Le prochain gouvernement devra-t-il revoir à la hausse la norme de croissance des soins de santé ?Je ne peux pas m'imaginer que le gouvernement ne le fasse pas. Garder une norme de croissance de 1,5% serait très mal vu par la population. Cela ne représente que 400 millions sur un budget de 26 milliards, soit de 70 à 80 millions pour les hôpitaux. Or, lors de cette pandémie, les besoins des hôpitaux ont été énormes. La norme de croissance n'est plus adaptée. Elle doit être augmentée. Il faut également une prévisibilité budgétaire dans les années à venir pour les hôpitaux et les maisons de repos. Il faut réinvestir dans ces institutions, dans le personnel soignant et en santé mentale. À combien estimez-vous l'impact financier de la pandémie sur les hôpitaux ?Plusieurs chiffres circulent, allant de un à deux milliards à cinq à sept milliards. Nous estimons que cet impact s'élève à entre deux à trois milliards. Certains dirigeants hospitaliers, comme le président de l'Association belge des directeurs d'hôpitaux, Paul d'Otreppe, estime que la pandémie a montré les limites du système de financement des hôpitaux (lire JM-Hospitals n°6), entre autres, parce que les médecins qui n'ont pas pu travailler, ont vu leurs revenus fondre. Il plaide pour une réduction du paiement à l'acte et une augmentation de la forfaitarisation. Qu'en pensez-vous ?Une forfaitarisation accrue est une des pistes de réflexion. Il est clair qu'il faut revoir le financement hospitalier, beaucoup trop complexe. Nous n'avons pas encore la solution-miracle. Il y a beaucoup de tenants et d'aboutissants et de nombreux interlocuteurs autour de la table. Il faut continuer à y réfléchir. Pour Gibbis, il est important que, malgré l'arrêt des activités électives durant la crise, imposé par les autorités, les médecins aient une rémunération correcte.