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S'il a débuté la pédiatrie au bord du lac Kivu, il l'a concrétisée dans le seul hôpital entièrement consacré à cette spécialisation en Belgique : l'Hôpital universitaire des enfants Reine Fabiola (Huderf). A la fin de ses humanités, le jeune Philippe Goyens hésitait. Devait-il intégrer l'école supérieure de navigation d'Anvers ou s'orienter vers la psychiatrie ? Né à Anvers et ayant vécu à Bruges, de mère francophone et de père néerlandophone, il barrait depuis l'âge de 11 ans. " Une véritable passion qui m'animait lors des régates de dériveurs que nous faisions à Zeebruges ", se souvient-il. Il tergiverse et choisit finalement la voie de l'esprit. " Des études dans lesquelles j'ai de suite compris que je ne rentrerais pas ", avoue-t-il. Il change de cap et bifurque alors vers la pédiatrie à la VUB puis à l'ULB. Une carrière loin d'être tracée au sextant s'ouvre alors à lui : il intègre les services de pédiatrie à Saint-Pierre en 1974. Le service militaire frappe à la porte et il part en Outre-mer. C'est alors qu'une expérience se propose en 1976 quelques semaines après son mariage : " J'ai intégré un hôpital à 45 km de Bukavu au Zaïre ", nous explique-t-il. Un lieu où il découvrira la malnutrition sévère et où il exercera deux ans et demi sans interruption puis temporairement jusqu'en 1984. Il rentre à Saint-Pierre en 1978 et y est reconnu pédiatre l'année suivante. Après un intermède en Suisse où il proposera ses services au sein d'une société multinationale, il est rappelé par feu le professeur Vis - " Un très grand pédiatre ; mon ancien patron en Afrique " - et intègre l'Huderf. Très vite, il y crée une unité consacrée à la nutrition et au métabolisme, " un service qui concerne tous les organes du corps humain, une sorte de médecine interne de l'enfant ". Une carrière où il fut fédérateur : " J'ai toujours eu à coeur de faire travailler ensemble des équipes de la VUB et de l'ULB, en Clinique et dans mon labo de dépistage de la néonatalité ".Pensionné depuis 2015, il continue de présider les " Amis de Huderf ". " Jusqu'à mon mariage, j'ai beaucoup navigué ", nous rappelle-t-il d'emblée. Une passion qu'il ne put exercer ni sur le lac Kivu ou le lac Léman. " Depuis que je suis retraité, je navigue avec deux amis sur un bateau de 10, 80 mètres ; un Prétorien, très marin et qui est bien entretenu ", dit-il non sans fierté. Cette passion développée dès l'enfance est revenue vers lui, comme le pédalo, après la pédiatrie hospitalière " qui est une activité particulièrement contraignante. "Tel un marin dans le bar enfumé d'un ancien dock anversois, il nous raconte cette tempête effroyable qu'il essuya six nuits de suite dans le Golfe de Gascogne ou encore la mer d'Irlande et ses eaux tourbées. Puis un jour, rejoignant les côtes britanniques, la beauté des voiles d'une course anglaise le laisse raconter la mer avec la poésie vraie : celle des profondeurs.