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En 2023, quatre hôpitaux généraux sur dix étaient déficitaires. C'est légèrement plus qu'en 2022. C'est ce que révèle la 30e édition de l'étude Maha menée par Belfius auprès des 89 hôpitaux généraux et sept hôpitaux académiques de Belgique. Comment explique-t-on cela? "Le chiffre d'affaires a augmenté, mais les coûts ont augmenté également, légèrement plus d'ailleurs", répondent les experts de Belfius. "Si nous tenons compte du résultat exceptionnel, le résultat de l'exercice demeure positif en 2023. Il progresse même par rapport à 2022, passant de 37 millions d'euros à 82 millions d'euros." Il faut relativiser ce chiffre qui peut paraître une bonne nouvelle: 82 millions dans un secteur qui pèse plus de 20 milliards d'euros, cela fait très peu (+0,4%). De plus, si le résultat final est positif, c'est effectivement grâce au résultat exceptionnel qui englobe le Budget des moyens financiers (BMF) des hôpitaux qui, octroyé systématiquement un an après les dépenses supportées par les institutions, a bénéficié de la forte indexation connue en 2022 (+8%). "Le résultat exceptionnel provient principalement des révisions, des rattrapages par la Santé publique pour les exercices précédents", complètent les analystes de Belfius. Le journal du Médecin a sondé Dieter Goemaere (directeur hôpitaux & chief economist, Gibbis), le Dr Philippe Devos (directeur général d'Unessa) et Yves Smeets (directeur général de santhea). Ils sont unanimes (bien qu'ils aient été interrogés séparément): "L'an dernier, on pouvait penser que la situation était ponctuelle. Mais retrouver la même situation un an plus tard, cela devient structurel."Pour eux, la solution est politique: "Il faut d'abord un accord sur le budget 2025 pour avoir une vision à court terme. Il faudra ensuite avoir un gouvernement et un ministre de la Santé pour piloter un plan national", estime Dieter Goemare. Yves Smeets le rejoint, mais est moins optimiste, estimant que "les négociations autour d'un futur gouvernement ne sont pas très rassurantes quant à une prise de conscience des difficultés que traverse le secteur". Philippe Devos craint, lui, que les hôpitaux "ne paient la note dans quelques années, alors que l'on en aura le plus grand besoin. Il y a urgence de réformer".