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L'une des deux figures centrales des premiers Roxy Music, producteur (notamment du "Unforgettable Fire" de U2, Damon Albarn ou de Laurie Anderson), musicien et chanteur, inventeur d'une musique dite ambiant aérienne et planante ("Music for Airports" en 75), Brian Eno, qui est par ailleurs belge par sa mère, a bâti une carrière à part mais originale, et continue de produire des albums de musique en apesanteur. "Forever And Evermore" (tout est dans le titre) ne déroge pas à la règle qu'il s'est ainsi fixée. Un album aquatique où sa voix profonde semble en effet légèrement liquéfiée: la plage introductive, "Who Gives a Thought", déclenche à son écoute des images de nage en profondeurs au milieu de méduses ou de raies mantas se déplaçant avec la lenteur requise. Parfois comme sur "We Let It In", la voix angélique et élégiaque de Darla (et pas Dory) offre un contrepoint angélique, de baleineau au timbre plus massif de grand mammifère marin de son père qui n'est pas Nemo mais Eno, lequel peuple parfois cet univers éthéré de l'accordéon discret de son frère Roger (Garden of Stars). Sur "I'm Hardly Me", Eno évoque 'the driven snow' sur un morceau qui ressemble en effet à un chant de Noël sous menace de coupure électrique. "These Small Noises" à nouveau plus aqueux ressemble à un hommage aux ondes Martenot. Les dix morceaux ne sont heureusement pas fleuve ; excepté "Making Gardens out of Silence in The Uncanny Valley", dont le titre annonce la longueur... de 13 minutes: un instrumental destiné non pas aux aéroports, mais qui semble tout indiqué pour une séance de massage ayurveda dans un centre wellness ou un enveloppement à la boue. En effet, parfois, la vie musicale de Brian s'enlise...